mardi 21 avril 2009

«Durban II est un cirque: autant porter une perruque»



Un des manifestants de l'UEJF expulsé de la salle de conférences de l'ONU, ce lundi à Genève.
(REUTERS)
INTERVIEW Raphaël Haddad, président de l'Union des étudiants juifs de France, revient sur son expulsion de la salle du Palais des Nations de l'ONU, ce lundi à Genève.

Recueilli par FRANÇOIS MEURISSE


Coiffé d’une perruque, vous avez lancé un nez rouge vers le président iranien Ahmadinejad à la tribune de la Conférence de l’ONU sur le racisme à Genève ce lundi. Pourquoi?

Tous simplement parce qu’à l’Union des étudiants juifs de France, cela fait plusieurs mois que l’on déplore une situation grotesque avec Durban II. Imaginez, on a là une conférence dont la présidence revient à un pays qui viole systématiquement les droits de l’homme, à savoir la Libye. Dans la commission de préparation il y avait des pays comme l’Iran ou Cuba, à la tribune pour l’ouverture, il y a un type raciste, xénophobe et antisémite qui serait en prison ou au moins devant la justice en France. Tout cela est une mascarade, un cirque. Alors autant en porter les apparats: une perruque et un nez rouge.

Comment vous y êtes-vous pris pour approcher le président iranien?

Ça a été assez simple. A l’UEJF, nous sommes accrédités comme organisation pour la conférence. Le seul endroit où on n’avait pas le droit d’aller, c’est au pied de la tribune mais on a marché dans l’allée et on a pu s’approcher. Nous étions une dizaine. Nous avons crié «raciste, raciste», j’ai pu jeter un des nez rouges que j’avais dans la poche et les gardes de l’ONU m’ont expulsé manu militari quand j’étais à deux mètres d’Ahmadinejad. On a été chaudement applaudi par une partie de l’assistance tandis que l’autre restait silencieuse. Au-delà de l’anecdote, on a pu faire passer le message que cette réunion était une bouffonnerie.

Pendant des mois, il y a eu un long débat dans certains pays, qui ne sont pas des soutiens d’Ahmadinejad, sur l’utilité de se rendre ou non à la conférence. La France a ainsi choisi de ne pas la boycotter. Que reprochez-vous à cette position?

La France s’est en effet battue sur certaines lignes rouges avant la réunion. Mais on l’a vu les lignes rouges ont été franchies avec le discours d’Ahmadinejad, je ne reviendrai pas sur le contenu. Quand la logique est pervertie dès le départ, on ne peut pas sortir gagnant et quand on ne peut pas gagner, il faut ne pas y aller pour, au moins, ne pas perdre. Une réunion présidée par Khadafi, responsable du calvaire des infirmières bulgares, était pervertie d’avance. Il fallait dénoncer la grossièreté de la chose. Il fallait avoir une position ferme, une position de principe comme le Canada, Israël et les Etats-Unis qui ont finalement choisi de ne pas venir. Si on entre dans la logique, on est forcément mystifiés.

Avez-vous prévu d’autres actions?

Oui. Ahmadinejad est parti mais la conférence se poursuit. 70 militants sont arrivés ce matin à Genève. Nous rentrons peu à peu dans la salle et nous comptons organiser cette fois une distribution de nez rouges. Nous en avons 2000. Même si on ne peut en distribuer que la moitié avant d’être expulsés, ce sera bien.