jeudi 30 octobre 2008

ANTISEMITISME : LES JUGES ONT-ILS BAISSE LES BRAS ?


Vidéo de la Tribu Ka : la justice se déclare incompétente

Le juge des référés du TGI de Paris a jugé lundi qu’il n’était pas compétent pour ordonner le retrait d’une vidéo du site du fondateur de la Tribu Ka, réclamé par deux associations qui y voyaient une incitation à la haine contre les juifs.

"Le juge des référés n’a pas le pouvoir de qualifier de manifestement illicite un discours et des images qui ne pourraient être reconnues antisémites que par l’interprétation d’une collection d’indices", a estimé le juge Louis-Marie Raingeard, en renvoyant les deux associations vers le juge du fond.

« La France se Hezbollahise »

La Tribu Ka officiellement dissoute en 2006 par N. Sarkozy, est un mouvement suprématiste noir, connu pour ses violents dérapages Hier, au TGI de Paris, les militants étaient venus soutenir leur leader charismatique, Kemi Seba avait été à nouveau convoqué mercredi dernier devant la justice. Stellio Capochichi, alias Kemi Seba était cette fois assigné par l’UEJF (Union des Etudiants Juifs de France) et l’association J’accuse (soutenue par le MRAP) qui exigeaient le retrait de la vidéo ultra-violente, "La France se Hezbolahise", diffusé sur le site Internet du mouvement.

Sur la vidéo, on peut voir de nuit et sur un fond musical particulièrement angoissant, plusieurs jeunes appeler le Hamas et le Hezbollah à les aider dans l’éradication du sionisme en France avant qu’une torche ne réduise en cendre les drapeaux israéliens et américains.

L’antisionisme est-il un antisémitisme ?

Maître Lilti avait estimé que cette vidéo au caractère "criminogène direct" faisait référence implicitement à la nuit de Cristal. L’avocat avait ensuite conclu son réquisitoire en dénonçant ce qu’il estime être la "preuve de l’antisémitisme obsessionnel de Kemi Seba"

Pour la défense, aucun antisémitisme ne se cachait derrière cet antisionisme radical. L’avocate de Mr Capochichi, Maître Isabelle Coutant-Peyre, avait ensuite lancé à la tête du juge "Nous ne sommes ni en Israël, ni à Guantanamo, mais en France, le pays qui a vendu son modèle de liberté théorique au reste du monde !" avant de déclarer "l’interdiction de cette vidéo constituerait une procédure gravement dérogatoire aux principes de la liberté d’expression".

Rappelant que la critique du sionisme et de l’Etat d’Israël est "licite", tandis qu’"un propos implicitement dirigé contre les juifs" est "illicite", le juge des référés a estimé qu’il ne lui revenait pas à lui, "juge de l’évidence", de déterminer si la vidéo litigieuse faisait ou non allusion aux juifs de France et non aux seuls sionistes.

Dérapage explicite

Une distinction, dont les membres de la Tribu Ka à peine sortis de la salle d’audience ont bel et bien fait fi mercredi dernier. Ce jour là, le scénario du lynchage, de Maître Stephane Lilti par les membres déchaînés de la Tribu Ka, semblait avoir été monté avec méthode. " Ça va se finir en agression antisémite…" soufflait avec ironie, dès la sortie de la salle d’audience, une adepte de la Tribu. Quelques mètres plus loin, les militants poursuivaient l’avocat de la partie civile en hurlant "sioniste ! sioniste !". En bas des marches du Palais Maître Lilti fut violemment pris à partie. Une quarantaine de militants avait alors entamé un brutal numéro d’intimidation : poings brandis, ils encerclent l’avocat en hurlant "Mort au Juif !" .
Une scène à laquelle avait assisté Louis-Marie Raingeard, le juge en charge du dossier, qui fumait alors une cigarette sur les marches du Palais.