jeudi 11 juin 2009

Discours au Caire par le Président Obama : l’abandon des plus faibles…

Laurence Nguyen
Membre de l’Association France Israël | Primo

Nul ne doute de la qualité des discours du Président Obama . Il n’a pas encore de bilan politique, mais le monde ravi par son élection et soulagé de sortir de l’ère Bush tant vilipendée, l’écoute et lui accorde une grande confiance. Personne n’imagine que son discours au Caire, le 4 Juin 2009, particulièrement attendu, ait été improvisé ou mal préparé. On ne saurait croire que le rôle primordial donné au fait religieux plus qu’au fait politique, que les citations du Coran sans rappel des Droits de l’Homme soient un choix mal analysé.


Alors, si chaque mot, comme il est certain, a été choisi pour sa précision, pesé pour le poids qu’il aura dans l’esprit des hommes, des pays, des civilisations auxquels il s’adresse, pourquoi ce président, dont l’élection avait suscité tant d’espoir, cet Afro Américain qui évoquait, lors d‘un discours électoral , « pendant des siècles les Noirs d’Amérique ont subi le fouet pour les esclaves et l’humiliation de la ségrégation “ a- t-il, aux oreilles attentives du monde, légalisé le port du voile, insigne “d’humiliation” et de “ségrégation” des femmes et ouvert ainsi la porte à l’acceptation de toutes les violences menant vers la non égalité homme/femme ?

C’est avec une grande habileté, en laissant aux seules femmes la responsabilité de ce « choix« , en disant « rejeter les vues de certains en Occident qui voient comme une inégalité le fait qu’une femme choisisse de couvrir ses cheveux », qu’ il a réduit à un simple port d’étoffe librement consenti ( comme pour nos arrières grands- mères leur chapeaux, presque une affaire de mode), le symbole de l’inégalité entre les sexes, de la soumission. En faisant porter la culpabilité sur une « laïcité qui n’est qu’un faux semblant du libéralisme », le président du pays de la liberté dédouane les oppresseurs, et ouvre grand la porte à la non instruction et au mariage des petites filles, à l’enfermement, à la polygamie. (On pourrait ajouter les étapes lapidation et excision, en dépit des rapports de l’ INED, de l’Unesco, de Human’s Right Watch et autres observateurs dignes de foi ).

Le Président Sarkozy, dans le communiqué de presse de l’Elysée du 4 Juin a salué « la vision et l’ouverture du discours prononcé au Caire par le Président Obama » .

Mais quelle vision ? Pas celle de ces femmes musulmanes, entre le haut et le bas du voile : une fente de 15 cm de long par 2 cm de haut, et parfois grillagée. Que peuvent elles voir des fleurs, des petits oiseaux, des paysages, des autres, de la vie, du monde ? Le voile, s’empare du corps des femmes propriété des hommes et, par cet enfermement, de leur esprit ; le voile les nie.

Le Président Obama, dans son (louable ?) désir d’établir un dialogue entre les Etats Unis et le monde musulman et de réhabiliter à ses yeux une Amérique tant diabolisée, et sans doute, aussi, de changer le regard occidental sur l’Islam, quel que soit son projet politique, quel que soit son désir de paix ou sa peur d ‘un islamisme envahisseur avec qui il serait plus sage de composer que de s ’affronter, aura dans tous les cas abandonné les femmes. Comme l’ ONU au sortir de la Conférence de Genève, dite Durban2, en avril dernier.

Sacrifiées les femmes d’Egypte et des pays où la Charia est la loi, les premières à recevoir ce déni de leur combat juste et dangereux, celles qui osent sortir tête nue et qui sont agressées en paroles et en actes violents, parfois jusqu’à la mort !

Insultées dans leur vie quotidienne, les jeunes filles de nos banlieues, priées par leur grand frère ou leurs parents de sortir voilées et sinon agressées, parfois violées !

Abandonné le respect de la mixité, un droit européen si fragile, une des plus grandes avancées du 20° siècle, que les jeunes générations acceptent comme une évidence, comme un dû, n’imaginant pas un retour en arrière !

Désavoués les musulmans progressistes qui luttent pour que cesse cette identification à l’intégrisme dans le regard des autres et qui savent que la dignité des musulmans ne se fera pas sans la dignité des musulmanes.

Et, bien sûr, la presse ne n’offusque guère, ce n’est pas très important, il ne s’agit QUE des femmes. Cet important discours est retenu comme acte politique mais qui se préoccupe de son impact sur des vies quotidiennes ?

Certes, en France, l’association Ni Putes Ni Soumises, La Ligue Internationale du Droit des Femmes tentent bien de se faire entendre, et d ’ opposer leur indignation, mais ces mots présidentiels ne seront pas oubliés qui font reproche à l’Occident de vouloir l’égalité hommes-femmes.

Et pourtant, quels espoirs avaient suscités ces élections de novembre dernier, où s’affrontaient en un juste combat un homme noir et une femme blanche, que leurs seules compétences avaient menés à prétendre au poste prestigieux !

Le président du pays de la liberté a lâché les droits des femmes car on lâche d’abord les plus faibles, ces femmes qui ne peuvent se rebeller, qui ne font peur à personne et qui n’ont pas de pétrole, et qui sont pourtant, on l’oublie souvent, “la moitié du ciel” !

Il reste maintenant à écouter par voie de presse, les réactions du monde arabe.

On est bien content d’ apprendre que Le Hamas se félicite du « changement tangible » dans le discours américain. Est-ce cela que le Président des Etats Unis est allé chercher au Caire ?


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