mardi 16 juin 2009

Iran : première victoire de la rue ?



Par AP


Un porte-parole du Conseil des gardiens de la Constitution iranienne a annoncé que la plus haute instance juridique du pays était prête à procéder au recomptage partiel des bulletins de l'élection présidentielle contestée de vendredi 12 juin.


Des milliers de partisans de Moussavi à Téhéran, lundi.
Photo: AP , JPost
Cité par la télévision d'Etat, Abbas Ali Kadkhodaei a précisé que ce réexamen serait limité aux bureaux de vote où les candidats affirment que des irrégularités se sont produites.

La victoire écrasante du président sortant Mahmoud Ahmadinejad (63 % des voix), selon les résultats officiels, a entraîné la pire vague de violences dans le pays depuis dix ans.

Les partisans du candidat réformateur Mir Hossein Moussavi contestent ce résultat et rejettent un scrutin entaché de fraude et destiné à maintenir le conserveur Ahmadinejad au pouvoir.

En attendant, plus de 100 000 opposants au président Ahmadinejad ont bravé l'interdiction de manifester dans la nuit de lundi à mardi. Plus de vingt-quatre personnes sont mortes selon les journalistes étrangers. La radio d'État iranienne n'en reconnaît que sept.
Les pro-Moussavi s'étaient rassemblés sur la place Azadj, à Téhéran, pour protester contre les résultats de l'élection présidentielle de vendredi 12 et acclamer Mir Hossein Moussavi, à l'occasion de sa première apparition publique depuis le scrutin.

Selon la radio officielle, la fusillade a éclaté lorsque plusieurs personnes "ont tenté d'attaquer une installation militaire". Ce petit groupe de manifestants aurait tenté d'y mettre le feu. Lorsque certains ont tenté de prendre le local d'assaut, des témoins ont vu les miliciens liés aux Gardiens de la Révolution ouvrir le feu sur les manifestants.

Le cortège était long de plus de huit kilomètres, et de nombreux manifestants étaient vêtus de vert, la couleur de la campagne de Moussavi. Ils scandaient : « longue vie à Moussavi ». On pouvait lire sur une pancarte en anglais : « ce n'est pas une élection. C'est de la sélection. » De nombreux manifestants formaient le « V » de la victoire avec leurs doigts.

« Nous voulons le président que nous avons élu, pas celui qui nous a été imposé. » explique Sara, qui ne donne que son prénom, par peur de représailles venant des autorités.

Les pro-Moussavi manifesteront de nouveau aujourd'hui, sur la place Vali Asr à 17 heures. Les pro-Ahmadinejad appellent eux aussi à manifester sur cette même place, une heure avant.