vendredi 20 février 2009
Comment, Nabil Al-Bouchi, Allen Stanford, vous n’êtes pas Juifs ?
Tous les escrocs seraient-ils juifs ? Le mythe du Juif usurier se porte bien, merci ! C’est pourquoi il faut le combattre sans merci.
(Menahem Macina).
Deux nouveaux milliardaires escrocs viennent d’être épinglés : un égyptien, du nom de Nabil Al-Bouchi (1), et un homme d’affaires texan bien connu, Allen Stanford (2).
- « C’est incroyable ! »
– « Vous avez raison, on a peine à croire qu’il existe de tels escrocs ! »
– « Non, ce qui est incroyable, c’est qu’ils ne soient pas Juifs comme Madoff ! ».
On se souvient de l’exclamation burlesque mise dans la bouche du regretté Louis de Funès, à l’adresse de son domestique juif, alias Henri Guybet : « Comment, Salomon, vous êtes Juif !? ».
J’en propose ici un remake inversé, dont témoigne le titre de ce billet : « Comment, Nabil Al-Bouchi, Allen Stanford, vous n’êtes pas Juifs ? ».
Le public est tellement habitué aux poncifs antijuifs, et surtout à celui qui relie automatiquement les Juifs à l’argent, que le scandale Madoff est venu à point pour confirmer ce préjugé antisémite qui a la vie dure.
Or, ces deux nouvelles affaires - et je prends le risque de prédire qu’il y en aura d’autres - ont l’audace de faire mentir le binôme : Juifs= usure. C’est peu dire qu’elles tombent on ne peut plus mal pour l’argumentaire des antisémites.
Heureusement, tous les non-Juifs ne mangent pas de ce pain-là. J’en veux pour preuve ce magnifique témoignage du chrétien Charles Péguy :
« Pauvre, je porterai témoignage pour les Juifs pauvres. Dans la commune pauvreté, dans la misère commune, pendant vingt ans, je les ai trouvés d’une sûreté, d’une fidélité, d’un dévouement, d’une solidité, d’un attachement, d’une mystique, d’une piété dans l’amitié inébranlable. Ils y ont d’autant plus de mérite, ils y ont d’autant plus de vertu qu’en même temps, en plus de nous, ils ont sans cesse à lutter contre les accusations, contre les inculpations, contre les calomnies de l’antisémitisme, qui sont précisément toutes les accusations du contraire [...] Des riches, il y aurait beaucoup à dire. Je les connais beaucoup moins. Ce que je puis dire, c’est que j’ai passé par beaucoup de mains. Le seul de mes créanciers qui se soit conduit avec moi non pas seulement comme un usurier, mais, ce qui est un peu plus, comme un créancier, comme un usurier de Balzac, le seul de mes créanciers qui m’ait traité avec une dureté balzacienne... n’était pas un Juif. C’était un Français, j’ai honte à le dire... c’était hélas un "chrétien", trente fois millionnaire. Que n’aurait-on pas dit s’il avait été Juif !... Ainsi, vous les poursuivez, vous les accablez sans cesse de reproches contradictoires. Vous dites : Leur finance est juive, elle n’est pas française. — Et la finance française, mon ami, est-ce qu’elle est française ? Est-ce qu’il y a une finance qui est française ? »
(In Charles Péguy, Notre Jeunesse, Paris 1933, pp. 184 ss.)
Mais Péguy était un homme exceptionnel. Il se considérait lui-même comme un « chrétien du porche » (3), à peu près l’équivalent des catéchumènes et des pécheurs publics de jadis, qui n’avaient pas accès aux "saints mystères". Il avait, en effet, conscience de son indignité personnelle devant Dieu.
Pas comme ces intégristes antijuifs, voire antisémites, qui se considèrent comme les purs, l’élite du christianisme, blasphèment le Concile Vatican II et "Nostra Aetate", et dénoncent « l’enjuivement » de l’Eglise. Si vous avez du mal à me croire, rendez-vous aux liens suivants : Le Juif est agioteur et idolâtre de sa race, J.-M. Cymbron ; Eglise: un dominicain accuse "le pharisien Madoff" et Israël ; Une enquête met au jour un antisémitisme chrétien primaire propagé par des sites intégristes, etc.
Menahem Macina
© upjf.org
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(1) "Un scandale Madoff à l'égyptienne - Qui en parle dans la presse?".
(2) "L'escroc milliardaire américain, Allen Stanford, localisé en Virginie".
(3) Voir : Péguy au porche de l'Eglise, Cerf, 1997; et également, entre autres nombreux ouvrages, celui de Rémy Soulié, Péguy de combat, Les Provinciales - Cerf, 2007.
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Mis en ligne le 20 février 2009, par M. Macina, sur le site upjf.org