mardi 24 février 2009
De Villepin : « la France ne doit pas afficher son appartenance au bloc occidental ».
DOMINIQUE DE VILLEPIN, DIT " LE MAROCAIN "
Par Ray Archeld
pour Guysen International News
Interviewé sur le plateau de Canal+ à l’occasion de l’emission ‘Dimanche+’, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a critiqué avec véhémence la décision de Nicolas Sarkozy de réintégrer pleinement la France dans le commandement de l’Otan, estimant qu’afficher son appartenance au bloc occidental constituait aujourd’hui « une erreur en termes d'image et de stratégie ». Morceaux choisis.
Selon Dominique de Villepin la France ne doit pas réintégrer le commandement de l’Otan pour «trois raison » ajoutant que « se serait une faute ».
« Nous sommes dans un monde qui est en permanence en risque de confrontation, de bloc à bloc. Aujourd'hui, vouloir pleinement afficher notre appartenance à ce bloc occidental, à un moment où, nous le voyons bien, l'Occident n'est plus seul sur la scène, loin de là, et où les pays du sud s'affirment, c'est une erreur en termes d'image et de stratégie ».
« Deuxièmement une raison diplomatique. Nous devons nous donner le plus de marge de manœuvre possible. Tendre vers l'est, aller vers le
sud, en permanence trouver des solutions que d'autres ne trouvent pas. Cette vocation diplomatique, nous devons l'affirmer ».
« Enfin il y a une raison de sécurité, je pense que si nous ne voulons pas devenir une cible, alors que la France a été capable d’effacer cette logique d’affrontement et bien maintenons cette logique d’indépendance ».
« C'est vrai que les décisions au sein de l'Otan se prennent à l'unanimité. Mais j'ai vécu la crise irakienne. Et je sais que la pression exercée par les Américains quand ils considèrent qu'il y a va de leur propre sécurité est extrêmement difficile à résister ».
Il estime en effet que « si l'on veut, non seulement ne pas accepter une décision de l'OTAN mais s'opposer à une décision de l'Otan, c’était le cas dans la crise irakienne, si vous voulez résister aux Etats-Unis, il faut une indépendance forte et c'est justement le positionnement français ».
S’exprimant enfin sur l’envoi de 17.000 soldats américains et 600 allemands supplémentaires en Afghanistan pour sécuriser les élections de cet été, l’ancien chef du gouvernement français a estimé que Paris ne devait pas suivre cet exemple.
« D’abord parce que les Américains n’ont toujours pas dit qu’elle allait être leur nouvelle stratégie en Afghanistan. Renforcer les effectifs dans ce pays aujourd’hui c’est prendre un risque supplémentaire, alors même que nous le savons il n’y a pas de solution militaire en Afghanistan. Nous sommes devant une situation qui se dégrade jour après jour donc je ne suis pas du tout favorable à un renforcement dans cet zone, en tous cas pas un renforcement français ».