mercredi 18 février 2009
Rapprochement Irak-Iran: mécontentement dans le monde arabe
Les relations entre l’Iran et l’Irak, qui ont été très orageuses par le passé, semblent s’améliorer de jour en jour et elles ont connu un nouvel essor ces derniers temps, qui serait dû, selon certains commentateurs, à la nouvelle politique des USA à l’égard de Téhéran après l’élection du président américain Barack Obama.
La semaine dernière, les autorités iraniennes ont annoncé qu’elles comptaient ouvrir deux nouveaux consulats en Irak, en plus des deux existant déjà dans le pays, et malgré la présence d’une grande ambassade. Cette information a été communiquée par le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki, qui vient de terminer un long séjour en Irak au cours duquel il a signé un protocole d’accord avec le nouveau gouvernement, portant sur des échanges commerciaux de près de cinq milliards de dollars par an.
Toutefois, les USA ne sont pas les seuls responsables de ce nouveau rapprochement entre les deux pays, étant donné qu’il a commencé il y a quelques années déjà. En fait, ce processus aurait débuté depuis la fin de la seconde guerre du Golfe et à l’époque, les Etats-Unis ne l’approuvaient pas du tout. Sous l’administration Bush, Washington avait même tenté de faire pression sur le gouvernement irakien pour qu’il réduise ses contacts avec l’Iran et avait accusé Téhéran de financer et d’équiper les milices agissant en Irak.
A présent, les USA semblent accepter ces bonnes relations entre les deux pays. Un diplomate américain en poste en Turquie a expliqué cette nouvelle tendance : “Lorsque le président Obama parle de dialogue avec l’Iran et prépare le retrait des troupes américaines d’Irak, il est important que l’Iran et l’Irak coopèrent afin de s’assurer du maintien du calme dans le pays après le départ des Américains”.
Cette réconciliation entre les deux pays semble inquiéter les Etats arabes qui considèrent que l’Irak s’éloigne ainsi de leur cercle. La question a été évoquée il y a deux semaines, lors de la Conférence des ministres des Affaires étrangères arabes à Abou Dhabi. Les membres présents ont notamment souligné qu’ils ne toléreraient pas l’ingérence iranienne dans les affaires arabes, faisant allusion notamment au conflit israélo-palestinien et à la crise du Liban. La Syrie, qui est l’alliée de l’Iran, était bien entendu absente des débats.
La nouvelle administration américaine n’aurait pas encore fixé officiellement de date pour la relance du dialogue avec l’Iran. En attendant, elle tente de se rapprocher de la Syrie. Le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, John Kerry, doit se rendre à Damas cette semaine, dans le cadre d’une tournée au Proche-Orient. Le sénateur était mardi à Amman où il a été reçu par le roi de Jordanie Abdallah II. Les deux hommes ont débattu des moyens de “relancer le processus de paix israélo-palestinien”. Kerry est également attendu en Egypte et en Israël et il s’entretiendra également avec les dirigeants de l’Autorité palestinienne.
par Claire Dana-Picard
arouts sheva