lundi 16 février 2009

La guerre de Gaza




22 jours de représailles contre un territoire de quelques 600 km2 peuplé de 1,5 millions d'habitants dont une grande partie sont des réfugiés, non recasés depuis plus de 60 ans, nourris et logés aux frais de la Communauté Internationale, élevés et éduqués pour haïr et détruire leur voisin israélien. Et les roquettes continuent pourtant à tomber sporadiquement sur les localités du Néguev. Un million d'habitants du sud israélien sont toujours obligés d'être sur leurs gardes, ayant 10 à 20 secondes, après l'alerte sonore rouge, pour trouver un abri.

Fallait-il aller jusqu'au bout de cette guerre et anéantir totalement les nombreuses organisations terroristes qui sévissent à Gaza, et, en particulier, le Hamas qui s'est emparé de ce territoire en juin 2007 ? Les avis sont partagés.

La population de Gaza comme celle des territoires autonomes de Cisjordanie est favorable à la violence et à l'extrémisme du Hamas. Elle pense qu'à travers cette organisation, elle peut gagner des avantages matériels, la dignité et, peut-être un jour, récupérer ses anciens foyers…

En finir avec le Hamas ou non ne change pas beaucoup la situation pour Israël, qui se trouve en face d'une impasse, dans l'état actuel des mentalités. Israël doit gérer au mieux le présent, ce qui signifie qu'on n'a pas fini avec la guerre à Gaza.

A moins que la Communauté Internationale, notamment l'Onu et l'Europe, veuille bien cesser toute l'aide colossale, humanitaire et financière, consentie à ce bout de territoire et veuille bien expédier des unités musclées de l'Otan pour le pacifier et le dé-fanatiser. Cela prendra le temps qu'il faut, peut-être une génération. Alors d'elle-même, cette population qui a un niveau de vie supérieur à celui de l'Egyptien moyen, voudra se joindre à la population voisine du Sinaï, à laquelle elle est apparentée. Utopie peut-être? En tout cas, aujourd'hui, la région devra vivre sans solution, et oublier la fiction de la Palestine.



Les élections en Israël



L'excès de démocratie de la société israélienne produit un système électoral bancal et un gouvernement instable, de fréquentes élections prématurées, au détriment de la sérénité dans la gestion des affaires du pays. Il y a 34 partis pour 7 millions d'habitants, dont seulement 12 seront représentés à la Knesset, et parmi ces partis, 5 ont plus de 10 députés, pour un total de 120 députés. Il est donc urgent pour ce pays d'amender sa loi électorale. Il serait également utile qu'il adopte une Constitution et qu'il prenne de sévères mesures contre la corruption.

Depuis qu'il a été mis en minorité, le gouvernement d'Ehoud Olmert gouverne avec les pleins pouvoirs, puisqu'on ne peut plus le démettre dans l'attente d'un nouveau 1er ministre. Engendrée par l'excès de démocratie, cette étrange situation dure depuis plus de 6 mois et elle peut durer encore quelques semaines.

Ceci étant, on peut se poser la question de savoir si, vis-à-vis d'éventuelles pressions politiques extérieures, un gouvernement fort et stable est plus opportun qu'un gouvernement faible et instable ? On peut néanmoins espérer que la sagesse l'emportera et qu'une large union nationale présidera au destin de ce pays.



L'environnement d'Israël



La marche "triomphale" de l'Iran islamiste vers l'hégémonie régionale, à travers l'arme nucléaire et la technologie qui y mène, est en train de faire évoluer le paysage du Moyen Orient et d'exacerber le conflit millénaire shia-sunna au sein de l'Islam.

Depuis la 2ème guerre du Liban, le Hezbollah, satellite shiite de l'Iran au Liban, est plus enclin à la réserve et, aujourd'hui, il est plus préoccupé à gagner les prochaines élections libanaises de juin 2009, qu'à se lancer dans une nouvelle aventure contre Israël, action espérée par son parrain iranien pour détourner l'attention du monde de lui.

Le Hamas, autre satellite de l'Iran, mais sunnite celui-là, est entré dans une phase où la trêve va dominer.

L'Iran cherche ailleurs des alliés pour constituer un axe de défense dans un éventuel conflit régional. La république islamique a réussi à convaincre de la suivre un émirat arabe sunnite, le Qatar, qui s'ajoute à la Syrie. De même un état non arabe, la Turquie, semble vouloir se joindre à une future coalition pro-iranienne.

En dehors de l'Arabie et peut-être du Yémen, les autres états de la péninsule arabique seraient enclins à rechercher un protecteur plutôt qu'à résister et se battre pour défendre leurs convictions. Le protecteur sera celui qui apparaîtra comme le plus fort, le gagnant. Déjà Bahrain avec son chef sunnite et sa majorité shiite pourrait rejoindre l'axe du Mal, comme l'appelait G Bush.

Face à cet axe, restent Israël et 3 pays sunnites de la région qui cherchent à perdurer en dehors de l'orbite shiite et que l'Occident appelle "modérés". Deux pays ont un traité de paix avec Israël, l'Egypte et la Jordanie. Le 3ème, l'Arabie Saoudite a proposé en 2002 un plan de paix global avec Israël, dont certaines clauses sont inacceptables pour l'état d'Israël.

L'Egypte reste un pays fragile, avec un dirigeant vieillissant qui ne rêve que d'installer la dynastie des Moubarak dans son pays, à l'instar des Assad en Syrie. L'Egypte a toujours une forte opposition islamique radicale, les Frères Musulmans. Ce pays ne tient que par l'étendue de ses services secrets, les Moukhabarat. Moubarak aurait souhaité la disparition du Hamas, émanation de ses propres Frères Musulmans. Il négocie cependant une trêve ou "houdna" pour ce même Hamas, aujourd'hui affaibli après la guerre de Gaza.

La population de Jordanie est palestinienne en majorité et le roi Abdallah ne souhaite pas annexer à nouveau la Cisjordanie, ce qui déstabiliserait son royaume. Alors il a amorcé des pourparlers avec le Hamas pour parer à cette éventualité. Il est également aux prises avec une opposition islamique radicale qui demande la dénonciation du traité de paix avec Israël.

L'Arabie saoudite a dans la zone pétrolière une minorité shiite de plus en plus remuante.

Ce pays serait impliqué dans les attentats de Mombay. N'oublions qu'il est le berceau de la nébuleuse al Qaeda, chef de file du terrorisme sunnite et du jihad global dans le monde. Régie par la sharia (loi islamique), cette théocratie élitiste n'évolue que très lentement vers la modernité, d'où sa fragilité.

Ainsi, nous avons d'un côté un Iran offensif à l'extérieur, aussi bien en matière de diplomatie que de terreur et qui, sur le plan intérieur, n'est pas loin de ses objectifs nucléaires. De l'autre côté, les opposants arabes sunnites sont fragiles et sur la défensive, comptant, comme beaucoup d'autres états, sur Israël, pour juguler la menace iranienne.



Par Albert Soued
www.nuitdorient.com