vendredi 27 février 2009

Iran : L’avertissement déguisé de Londres




Selon le quotidien britannique Financial Times, Paris, Londres et Bonn travailleraient actuellement sur une liste de nouvelles sanctions qui iraient au-delà des mesures adoptées par le Conseil de Sécurité. En règle générale, quand on annonce les sanctions par avance, c’est un avertissement. C’est le cas de cet article britannique publié après les déclarations iraniennes sur l’installation de nouvelles centrifugeuses et le refus de tout compromis.


Il y a une semaine, le dernier rapport de l’AIEA essayait d’ouvrir la voie pour un compromis multilatéral avec l’Iran en affirmant que malgré ses progrès technologiques, Téhéran avait décidé de ralentir son programme nucléaire. Mais parce que les mollahs ne veulent pas de ce compromis avec les Six, mais d’une entente très particulière avec les Etats-Unis, ils ont refusé cette main tenue en contredisant l’AIEA et son rapport, pour se retrouver à nouveau face aux Etats-Unis, le véritable interlocuteur du régime dans cette crise.

Si les deux parties aboutissent à une entente, quelle qu’elle soit, via l’Iran, l’Amérique trouvera un accès privilégié vers l’Asie Centrale et ses compagnies pétrolières deviendront les leaders du marché pétrolier mondial dominé depuis un siècle par les compagnies Britanniques. L’enjeu est énorme pour la Grande-Bretagne : elle doit empêcher cette entente par tous les moyens. Parallèlement à ses efforts pour renforcer le rôle de l’AIEA, Londres a redoublé d’amitié en direction des mollahs : au moment de la publication du rapport en faveur d’un compromis reconnaissant le savoir faire nucléaire des mollahs, Londres annonçait la tenue d’une majestueuse exposition sur les Séfévides, dynastie qui a fait de l’Iran un pays chiite. A l’inauguration de cette exposition, il a deux jours, le ministre britannique de la justice, Jack Straw, un grand ami du régime, a fait un long discours sur la nécessité d’une refonte des relations entre les deux pays sur la base d’un plus grand respect envers les mollahs.

Patatrac ! Le discours du 25 février sur les installations accélérées de nouvelles centrifugeuses (synonyme d’un refus net d’un compromis avec les Six) a fâché Londres qui dégaine cet avertissement sous la forme d’un article qui évoque 44 nouvelles sanctions tout en se gardant de les énumérer toutes. Pour titiller les mollahs, l’article a cité 6 entités dont l’absence d’activités de 4 d’entre elles paralyseront la vie économique du pays. Ces quatre entités clefs sont :

Iran Air Cargo (filiale d’Iran Air) : la sanction priverait Téhéran de sa plus grande ligne de fret de marchandise.

Société d’Assurance de l’Iran : en la sanctionnant, Téhéran ne serait plus en mesure d’assurer la moindre marchandise ou cargaison.

6 Banques d’affaires dont Bank Tejarat, actionnaire de la Banque commerciale Iran-Europe. En les sanctionnant, Londres prendrait les mollahs à la gorge.

Khatam ol-Anbia, groupe financier des Pasdaran, actif dans les importations de produits et des projets pétroliers ou de construction, notamment en Afrique ou en Amérique Latine. En la sanctionnant, Londres perturbera les affaires oocultes du régime.

Téhéran a immédiatement réagi via Trita Parsi, son principal lobbyiste basé à Washington et ami de Brzezinski, pour dénoncer cet avertissement disproportionné et déplorer le retour d’un langage de contrainte qui nuira au dialogue avec Téhéran.