samedi 1 novembre 2008

DESINFORMATION : Quand la presse est une arme


Pour les journalistes qui ne veulent pas risquer leur vie au Niger, au Darfour ou au Congo, le plus difficile est de trouver un sujet digne de la Une, justifiant leur présence en tant que correspondant à l’étranger.

Ils sont nombreux à avoir trouvé la même réponse: le Proche-Orient et Israël en particulier qui leur offrent sécurité physique et liberté absolue de parole. Il leur suffit avec un peu d’imagination et un brin d’idéologie d’améliorer le quotidien pour conduire le lecteur ingénu vers des rivages douteux.


Ainsi en est-il cette semaine, du match de foot unique dans les annales « Palestine-Jordanie » disputé à Jérusalem Est. L’occasion faisant le larron, il fallait à tout prix, pour fêter l’événement, décliner le terme Palestine sous tous les angles et dans tous les médias.

En quelques jours, un déferlement d’articles et d’analyses inonde la presse française. Thématiques variées et angles divers mais dans tous les cas négatifs à l’encontre du seul Israël

Petite revue de presse qui en dit long

A cette occasion, le journal Le Monde se souvient du fameux Mur de séparation. C’est l’unique mur au monde qui gêne la libre circulation des êtres et des choses. L’article ne fait aucune référence à la baisse drastique des attentats contre les civils israéliens. Détail superflu semble-t-il.

L’Express-Web offre sa contribution à cette Palestine en mal de reconnaissance sous forme d’un titre racoleur : « Voyage dans une Palestine hors d’état ». Dans le landernau médiatique français, le ridicule ne tue plus.

Comble de la malversation, cet article du 28/ 08/ 03 est « mis à jour » selon les termes du journal le 27/10/08 à cinq ans de distance! Entre les deux, Ismaïl Hanyieh et son Hamas ont légalement pris le pouvoir dans la bande de Gaza, séquestrant la population sous un régime totalitaire de détresse physique et morale.

Le lecteur l’ignore ; il ignore aussi que depuis fin 2005 plus un seul israélien civil ou militaire, ne réside à Gaza. Mais qu’importe : « Les monceaux de gravats grisâtres témoignent de la brutalité de l’incursion menée en avril 2002 par l’armée israélienne, (..)Les chasseurs F16 ont sonné la charge. Les blindés et les bulldozers ont fait le reste. »

L’insinuation fera son chemin.

Dans la mouvance alarmiste de la semaine, la Une du site « La paix maintenant » du 26 octobre 2008 nous offre la traduction d’un article du quotidien israélien de gauche Haaretz : « L’armée rase une colonie illégale ». Situation apocalyptique d’émeute, avec destruction de biens civils palestiniens et profanations de tombes.

Cet éditorial n’est accompagné sur le site d’aucune mise en situation. L’information est livrée sans plus d’explication et circule sur le net.

Le même jour dans la même presse israélienne, on apprend par le Yediiot Aharonot un complément des faits bien éclairant.

Les quatre-vingts voitures palestiniennes dégradées ne sont plus qu’une dizaine (ce dont il n’y a pas lieu de se réjouir). L’autobus détruit a disparu et les forces de l’ordre ont la situation en main malgré les invectives et imprécations subies.

Quels sont les faits ?

La colonie illégale rasée par l’armée est « Havat Federman-Tor ». Elle se résume à une habitation installée illégalement par un résident d’extrême droite du nom de Noam Federman, disciple de la mouvance très minoritaire de feu le rabbin Kahana expulsé d’Israël et assassiné en 1990 aux Etats-Unis.

Israël est un état de droit. Les colonies illégales sont vouées à la destruction. Noam Federman réfléchit désormais à l’ombre des prisons israéliennes à la qualité de l’environnement.

C’est à dessein que nous utilisons le terme de résident et non de colon. Rappelons qu’en 1988 le roi Hussein de Jordanie s’est unilatéralement séparé de la Cisjordanie conquise par Israël à l’issue de la guerre de 1967.

A l’autre extrémité du pays, en échange d’une paix glaciale, Israël a rendu à l’Egypte, le Sinaï, le pétrole et les luxueux complexes hôteliers à peine construits qui font la richesse touristique de la riviera égyptienne.

L’Egypte a accepté les richesses et a refusé Gaza, malgré les négociations acharnées d’Israël, laissant sa population en héritage à l’état hébreu.

De l’importance du vocabulaire

Sur ces territoires « disputés », selon la définition du droit international, mais « occupés » selon la presse, des villages peuplés d’israéliens se sont établis. Les habitants de ces lieux sont aujourd’hui ceux de la troisième génération.

Pour les jeunes israéliens de ces territoires, Israël est là et nulle part ailleurs. La même revendication identitaire anime le jeune palestinien de la même troisième génération qui lui fait face.

Les accords d’Oslo devaient leur permettre de vivre ensemble. Leur inapplication et les vagues de terrorisme qui ont suivi ont ruiné cette espérance.

A l’heure du retrait, quand arrivera l’ordre d’expulsion, l’affrontement possible entre les « colons » et la police est une éventualité préoccupante, envisagée sérieusement dans les hautes sphères du pouvoir.

La plupart des Palestiniens d’aujourd’hui sont arrivés à la suite des pionniers juifs, entre 1900 et 1948. Ils venaient, nous apprend le recensement anglais de l’époque, de 49 pays et parlaient 23 langues différentes.

Au bout de 40 ans de présence israélienne qui a fait naître chez eux une revendication identitaire, ils constituent le peuple palestinien à leurs yeux et aux yeux de la communauté des nations.

On se perd en conjectures pour tenter de comprendre pourquoi 2000 ans d’exil n’offrent pas la même compréhension internationale aux Juifs et pourquoi ces 40 ans de résidence à Gaza ne font pas des Juifs locaux d’authentiques Gazaouites.

C’est vrai : la paix ne pourra se faire que si le territoire palestinien est Juddenrein. Mais pourquoi ceux qui souscrivent à cette évidence considèrent-ils comme normal qu’Israël compte 20% de citoyens arabes ? Le mot important est « citoyens » : mêmes droits que leurs concitoyens juifs, c’est-à-dire beaucoup plus que leurs frères arabes dans le reste du Moyen-Orient.

Echec du démantèlement de GAZA

L’évacuation de Gaza est un échec cuisant pour Israël : l’insécurité atteint des sommets pour les populations civiles dans le sud du pays, à portée de missiles du Hamas. Trois ans après, les habitants du Goush Katif errent encore à la recherche d’un lieu d’implantation acceptable à l’intérieur des frontières israéliennes. Sharon les avait envoyés peupler les territoires conquis lors de la guerre des Six-jours, Sharon les en a délogés sous la menace des armes.



Logements "luxueux" pour les réfugiés de Gaza en plein désert du Néguev

Leurs enfants ont quitté leurs plages Gazaouites natales pour se retrouver au cœur du désert du Néguev où tout est à construire dans une aridité extrême. Problèmes psychiques, sociaux, délinquance et suicides caractérisent désormais cette frange de population qui a cru être utile à la nation et se retrouve simple jouet de l’histoire.

Les résidents de Cisjordanie-Judée-Samarie en ont tiré la leçon. Ils refusent à l’avance de payer à leur tour un lourd tribut à l’histoire.

La réalité est complexe. L’Etat d’Israël fait face avec dignité à ses responsabilités et ses engagements.

Au lieu d’articles à l’emporte pièce nous attendons des acteurs de l’information moins de parti pris et une volonté réelle d’analyse de mise en relation des évènements, à défaut de solutions. La souffrance et la frustration sont en égale proportion des deux côtés de la frontière.

En conclusion, relevons cette magnifique publicité d’Amnesty International : un petit stylo accompagné du message « ce simple stylo peut devenir une arme d’une efficacité redoutable ».

Josiane Sberro © Primo, 30 octobre 2008