jeudi 6 novembre 2008

Quand l'«Intifada électronique» caracole sur l’Internet

Michelangelo Cocco
Une pièce de plus à verser au dossier de l'antisionisme sur Internet qui sera le thème du prochain Colloque de l'Upjf [*].
(Menahem Macina).

[*] "Les démocraties face à l'antisémitisme", Paris, le 23 novembre 2008.



05/11/08



Article publié le 30 août 2007 par le journal italien, Il Manifesto


Original italien (sur le site Il Bene Commune): "Media-attivisti in lotta per la Palestina, quando l'intifada corre su Internet".


Traduction française (revue et corrigée par nos soins) : Marie-Ange Patrizio, pour le site info-palestine.net



Bandeau actuel du site Electronic Intifada (cliché ajouté par upjf.org)


Si le conflit entre Israéliens et Palestiniens se faisait à coups d’articles de journaux, newsletters et médias militants, il y aurait déjà un vainqueur : The Electronic Intifada (www.electronicintifada.net). Inauguré il y a six ans, ce site Internet d’information indépendante a gagné, récemment, sur trois fronts :

· il s’est imposé comme source de référence d’informations ;

· il s’est reproduit, en ajoutant Electronic Irak et Electronic Lebanon à la "maison mère" ;

· et il est arrivé à embaucher ses deux véritables premiers rédacteurs, avec un salaire d’environ deux mille dollars par mois.

Un résultat non négligeable pour un site Web qui héberge des débats sur l’Etat unique - vu comme seule alternative à un ensemble de bantoustans palestiniens, face à un Etat juif qui engloberait la plupart des Territoires occupés en 1967 - et où les organisations non gouvernementales dénoncent les violations des droits de l’homme en Cisjordanie.

Tout a commencé il y a plus de dix ans, en 1996, pendant les manifestations contre les excavations [lire : "fouilles" – NDLR d’upjf.org] que le gouvernement israélien commençait [[lire : "entreprenait" – NDLR d’upjf.org] dans le tunnel souterrain, autour et sous l’esplanade de Al-Aqsa, pour mettre à [lire : "au" – NDLR d’upjf.org] jour la Jérusalem des rois asmonéens.

Ali Abunimah, un des fondateurs du site, se souvient :

« C’est là que nous avons commencé à utiliser Internet. A l’époque, il y avait Nigel Parry, Arjan El Fassed, Laurie King et moi, mais nous ne nous connaissions pas, physiquement [lire : "de visu" – NDLR d’upjf.org] ».

C’est une mailing list qui a mis en contact ces médias-activistes habitant dans différents endroits du monde.

Et ce Palestino-Etasunien, fils d’un ancien ambassadeur jordanien aux Nations Unies, précise :

« Il y avait beaucoup plus de militantisme et moins de journalisme par rapport à Electronic Intifada (Le changement pour la forme actuelle est arrivé [lire : "s’est produit" – NDLR d’upjf.org]), quand nous nous sommes rendu compte de la demande croissante d’information de qualité, indépendante et crédible. Alors, en février 2001, nous avons lancé The Electronic Intifada ».

Benjamin Doherty égrène volontiers des statistiques ; nous l’avons rencontré avec Abunimah à Madrid, au cours de l’Universidad Nómada :

« Les contacts vont de 3000 à 5000 par jour, mais ces chiffres grimpent dans les périodes plus dramatiques du conflit, ou au moment des guerres »,

indique ce bibliothécaire qui, à temps perdu, est le graphiste du site et a une passion pour les Macintosh. A première vue, ou pourrait être déçu d’apprendre qu’entre 80 et 90% des lecteurs d’Electronic Intifada sont étasuniens : journalistes, militants, mais aussi diplomates. Pourtant, Ali Abunimah, le directeur exécutif, explique ensuite que sensibiliser l’opinion publique était justement un de leurs objectifs.

Et Doherty d’ajouter :

« Le débat sur la guerre en Irak, où les journaux et les sites mainstream (dominants) discutent presque exclusivement du nombre de soldats étasuniens morts, mais n’enquêtent ni sur les causes ni sur les issues [lire : "conséquences" – NDLR d’upjf.org] du conflit, témoigne qu’il y a un besoin d’indépendance comme de pain [lire : "que le besoin d’indépendance est aussi grand que celui de pain" – NDLR d’upjf.org]».

Pour se financer, les gens d’Electronic Intifada se sont adressés au secteur sans but lucratif, parce que

« les subventions d’Etat sont rares et un projet radical comme le notre aurait peu de possibilités d’obtenir des financements ».

Avec des appels au public, ils sont arrivés à obtenir en moyenne 50 mille dollars par an, avec des dons moyens de 100 dollars. Pendant ces deux dernières années, grâce aux financements de l’Union Européenne, en particulier de l’ONG hollandaise, Icco, le budget de l’Intifada électronique a pu atteindre 100 mille dollars annuels.

Ce qui a permis les deux « embauches ». La structure reste cependant décentralisée : Ali et Benjamin sont à Chicago, Ariel travaille depuis la Hollande, Laurie à Washington et ainsi de suite. The Electronic Intifada n’a pas une ligne éditoriale rigide, mais sur certains sujets, comme le droit au retour des réfugiés (établi par la Résolution 194 des Nations Unies), il ne transige pas.

« Nous ne sommes pas parfaits, conclut Abunimah, mais il n’y a rien de semblable ailleurs. Et, surtout, nous avons d’excellents retours : nos archives de plus de 8 mille articles, qui vont de la diplomatie au cinéma, plaisent aux étudiants, aux militants et aux journalistes ».

Et il annonce le prochain défi : d’ici quelques mois arrivera un captivant restyling [*] graphique.



Michelangelo Cocco



© Il Manifesto


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Note de la traductrice :



[*] Schématiquement, le restyling consiste à reprendre un site existant et à le remettre au goût du jour. L’intervention peut être plus ou moins profonde. Généralement, le fond est préservé dans l’esprit, si le concept de base est bon. L’enveloppe visuelle est remaniée dans la nuance. Du petit "dépoussiérage" technique (pour accélérer l’affichage par exemple), à la refonte globale des visuels, la palette d’interventions est large.



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Mis en ligne le 5 novembre 2008, par M. Macina, sur le site upjf.org