vendredi 26 décembre 2008

GAZA : Le piège tendu par le Hamas




Un tank israélien en position à la frontière entre Israël et la bande de Gaza, jeudi.
(AP Photo/Sebastian Scheiner)
Pierre Rousselin

Les tirs de roquette palestiniennes sur le sud d'Israël constituent une provocation visant à contraindre les dirigeants israéliens à s'engager dans une opération militaire contre le Hamas à Gaza.

Depuis que la trêve conclue il y a six mois entre le mouvement islamiste et Israël a expiré, le 19 décembre, deux cents roquettes Qassem et obus de mortier ont été tirés par le Hamas qui contrôle la bande de Gaza.

Jusqu'à présent, Israël retient sa riposte. L'armée est intervenue par deux actions ciblées, la première, mardi soir, pour tuer trois hommes du Hamas qui s'apprêtaient à poser des explosifs le long de la frontière de la bande de Gaza, et la seconde, mercredi, pour éliminer un activiste qui venait de tirer un obus de mortier.

Pour proroger la trêve de six mois, le Hamas voudrait qu'Israël assouplisse le blocus auquel est soumise la bande de Gaza. N'obtenant pas satisfaction, les islamistes ont une fois de plus choisi la confrontation. Incapables de gérer la bande de Gaza, dont ils se sont saisis par la force en juin 2007, ils trouvent dans l'affrontement la seule source de légitimité qui leur reste. Provoquer le conflit vise à persuader le million et demi de Palestiniens qu'ils administrent qu'ils ne sont pas les victimes de leurs dirigeants mais exclusivement d'une violence israélienne aveugle.

En précipitant une escalade en pleine campagne pour les législatives israéliennes du 10 février, au moment où le gouvernement sortant gère les affaires courantes, le Hamas fait le calcul que les Israéliens sont peu pressés de s'engager dans une intervention majeure à Gaza, à sept semaines d'un scrutin national.

Une opération terrestre d'envergure impliquerait de mobiliser des moyens considérables et pourrait se traduire par des pertes importantes dans les deux camps. Plus vraisemblable, une campagne plus prudente de raids aériens, avec le ciblage de dirigeants du Hamas, entraînerait inévitablement des victimes collatérales et aiderait, de ce fait, les islamistes à regagner la crédibilité qu'ils ont perdue, non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie et dans le monde arabe.

Les Israéliens s'efforcent de ne pas tomber dans le piège qui leur est tendu. Le premier ministre, Ehoud Olmert, a fait approuver par son cabinet les plans que l'armée lui a préparés, mais il rejette, pour l'instant, les appels en faveur d'une opération militaire d'envergure. De ce fait, il s'attire les critiques du Likoud de Benyamin Nétanyahou, donné favori par les sondages pour lui succéder.

Tzipi Livni, la ministre des Affaires étrangères, chef de file du parti centriste Kadima, était hier au Caire, où elle a rencontré le président Moubarak. Depuis la capitale égyptienne, elle a promis des représailles et a sans doute informé ses hôtes des intentions israéliennes.

Pour bien faire, Israël doit mettre au point une riposte graduée et bien ciblée, qui pénalise l'appareil du Hamas et non pas la population civile, afin de compromettre le maintien au pouvoir des islamistes à Gaza. Dans les circonstances actuelles, c'est une mission quasi impossible.
lefigaro.fr