mercredi 31 décembre 2008
Guerre et trêve
Il suffit qu’Israël, à bout de patience, mette le pied sur l’accélérateur et riposte aux tirs incessants du Hamas pour que les appels à la trêve se multiplient dans le monde.
Abbas veut saisir le Conseil de sécurité. Leila Shahid, la pasionaria planquée en Europe, demande l’envoi d’une force internationale, composée de militaires européens et des pays arabes, rien que cela.
Leila Shahid sait bien que, la Palestine étant considérée comme terre musulmane, le Hamas n’acceptera pas de troupes non musulmanes sur son sol.
Mais elle s’en contrefiche. Leila ne voit pas aussi loin. Elle vomit, voilà tout. L’essentiel est pour elle de prétendre regagner par la ruse l’ensemble de la terre qu’elle a la prétention de posséder et que les Arabes n’ont pas pu conquérir par la force.
Sarkozy et Kouchner demandent instamment un cessez-le-feu de 48 heures. Ban Ki Moun se lamente et demande le retour à la raison.
Devant ce déferlement de mauvaise foi, il faut donc mettre les responsables européens devant leurs responsabilités.
Quel homme politique accepterait de voir ses concitoyens sous le feu durant des années sans réagir ? Mieux, prendrait-il le risque électoral de ne pas réagir ?
Les électeurs ne lui en tiendraient-ils pas rigueur ? Ne serait-il pas accusé de lâcheté, voire de trahison ?
La communauté internationale ne dit absolument rien depuis 7 ans lorsque des missiles tombent quotidiennement sur Israël. Elle se réveille soudain lorsque ce pays prend la décision difficile d’avoir recours aux armes.
Disproportion
L’argument de la « riposte disproportionnée » est inepte. Que les idéologues d’extrême gauche et d’extrême droite unis dans une même détestation d’Israël l’utilisent, c’est logique.
Quand tous les totalitaires du monde se donnent la main, ça donne ce lamentable consensus.
La récente affaire Dieudonné montre à l’évidence combien les lignes ont bougé. Cela ne sera pas sans conséquences sur le paysage politique français alors que la situation intérieure est déjà tendue et le sera de plus en plus.
Ces gens là, Monsieur, sont pacifistes quand Israël réplique et guerriers quand Israël subit.
Pour les pays arabes, la disproportion n’existe que lorsqu’elle est le fait d’Israël. Il n’y a aucune disproportion, selon eux, quand un régime dictatorial tire à la mitrailleuse lourde sur des prisonniers.
Pas de disproportion non plus lorsque l’armée libanaise bombarde un camp palestinien gorgé de civils à Narh El Bared.
Aucune disproportion, cela s’entend, lorsque les armées soudanaises attaquent des camps de réfugiés totalement démunis au Darfour.
Pour en finir avec la disproportion hurlée par les Verts, le PCF, l'UMP, les syndicats SUD, CGT, et autres associations noyautées, revenons un instant sur le concept même.
Il y a effectivement disproportion entre les moyens militaires d’Israël et ceux du Hamas.
Les totalitaires associés le regrettent: ils auraient fait mine de compatir avec une deuxième shoah avant de la nier et d’organiser des concours de dessins humoristiques à son sujet...
Car, depuis 60 ans, Israël est menacée régulièrement d’extermination par ses voisins. Le fait que les voisins se soient révélés incapables de mener à bien la dite extermination ne doit pas entrer en ligne de compte.
Israël a été mis devant le fait accompli. S’il a investi massivement dans sa force militaire, c’est forcé par les événements. C’est pour lui une simple question de SURVIE.
Et c’est bien ce qui chiffonne les exquis camarades en keffieh de droite et de gauche. Ils auraient tant souhaité que les voisins parviennent à leurs fins. Encore un miracle de Noël qui leur échappe!
Certes, les roquettes du Hamas ne font pas beaucoup de morts... pour l’instant.
Ces armes sèment une destruction tout aussi efficace, la peur, l'angoisse, la fragilité.
Et si le Hamas possédait le millième de l’arsenal israélien, il n’hésiterait pas à s’en servir. Israël serait depuis longtemps un champ de ruines.
Comme le mouvement islamiste se sert de ses armes sans prévenir, et exclusivement en direction de civils, c’est toute l’année et non pas lors d’une opération de représailles, qu’il y aurait des centaines de victimes.
Le Hamas n’a pour l’instant que ses importations “artisanales” à disposition. Il les utilise au pire qu’il peut.
Il ne menace pas, il ne négocie pas, il agit pour accomplir son objectif: éliminer les Juifs de la surface de la terre et convertir le restant des humains à l’islam par le djihad.
La variable d’équation que les pays civilisés n’ont toujours pas intégrée, c’est que pour l’islam radical, la doctrine de la dissuasion n’existe tout simplement pas.
Une arme est conçue pour être utilisée. C’est aussi simple que cela.
De plus, quel est le pays qui s’engagerait dans une guerre sans s’assurer qu’il est certain de la gagner ?
Il y avait disproportion entre les forces russes et géorgiennes cet été et personne n’a relevé cette simple évidence.
Cette disproportion peut être amenée par la supériorité en hommes, en moyens, mais elle peut être aussi le fait de la ruse et de la surprise.
Elle peut être une combinaison des deux. Sans garantie de succès toutefois.
En 1973, les armées de 11 pays arabes ont attaqué Israël le jour du Kippour. Israël a plié un instant puis s’est repris. Et ce fut une magistrale déculottée.
Depuis Sun Tzu et son ouvrage « l’art de la guerre », les stratèges militaires s’assurent en général d’avoir la supériorité avant d’entamer une bataille.
La disproportion fait partie intégrante du conflit.
« Également instruit de ce que vous pourrez et de ce que vous ne pourrez pas, vous ne formerez aucune entreprise qui ne puisse être menée à bonne fin » (Sun Tzu, L’art de la guerre, ouvrage écrit selon certains historiens en l'an 340 avant Jésus-Christ).
S’engager dans un conflit en sachant pertinemment qu’on risque de le perdre relève de l’aveuglement et du fanatisme.
Tel est le cas du Hamas, que l’on peut à raison étendre au Hezbollah et à l’Iran. Ces fanatiques savent qu’ils peuvent perdre, mieux, qu’ils vont perdre, mais leur gain est autre.
Et pour plusieurs raisons.
Les médias occidentaux prêteront tribune à leurs jérémiades victimaires, ce qui leur conférera un statut honorable.
De surcroît, la mort de leur peuple n’entre pas en ligne de compte. La glorification du martyr, bien plus heureux au ciel avec Allah et quelques vierges, fait partie intégrante de l’idéologie fascisante du Hamas.
La charte de ce mouvement précise en son article 8 : Allah est le point d'ancrage, le Prophète est le modèle, et le Coran, sa constitution : le Djihad est son chemin et la mort pour la cause d'Allah est le plus grand de ses vœux.
Si le nombre de morts potentiel peut faire réfléchir un chef d’Etat responsable et quelque peu influencé par l’esprit des Lumières, il n’en va pas de même avec un islamiste. La mort n’est pas combattue, elle est même recherchée. Ce que n’avait pas prévu Sun Tzu dans son traité stratégique.
Ce sont les pré-requis étudiés dans les écoles militaires qui volent en éclats. L’adversaire se moque éperdument de mener son peuple à la mort. Seule la gloire d’Allah entre en ligne de compte.
Il n’y a donc à attendre ni pitié du Hamas ni trêve de la part d'Israël.
L’idée même de trêve peut satisfaire nos esprits cartésiens empreints de la notion de Droits de l’Homme.
Personne en Europe ne voit avec plaisir les corps déchiquetés des civils à Gaza. Il faut affirmer ici qu’il en est de même pour les combattants du Hamas. Nul être humain censé peut se réjouir d'une seule mort.
Parmi les policiers et combattants tués (97 % des victimes selon l’ONU), certains se sont engagés plus pour nourrir leurs familles que pour tuer des Juifs.
En proportion limitée, certes, mais ils existent.
L’embrigadement des consciences depuis 60 ans a causé des dommages irréparables dans les dernières générations. Il faudra attendre plusieurs dizaines d’années avant de pouvoir négocier sereinement.
Mais la politique et le temps font mauvais ménage.
Cette trêve, si Israël devait accéder une fois de plus aux demandes pressantes de la communauté internationale, ne sera utilisée par le Hamas que pour se renforcer, s’organiser afin de précipiter plus encore l’enclave dans le chaos.
Dans ces conditions, ainsi que le note Yigal Palmor, « Il n'est pas réaliste d'attendre d'Israël qu'il cesse le feu unilatéralement, sans aucun mécanisme permettant l'arrêt des tirs et de la terreur exercés par le Hamas ».
Kouchner a beau demander, comme à son habitude, l’instauration de corridors humanitaires, encore une fois satisfaisante sur le plan éthique, le Hamas et ses affidés n’en tiendront aucun compte.
D’ailleurs, les convois israéliens n’attendent pas l’ouverture desdits couloirs pour apporter des vivres, de l’électricité et de l’essence à Gaza. Discrètement et quotidiennement, pendant que la communauté internationale regarde ailleurs.
Sarkozy peut bien recevoir Tsipi Livni à Paris et se rendre en Israël afin de plaider pour un cessez-le-feu, il sera à côté de la plaque, sauf à admettre les réalités décrites un peu plus haut.
Et, lorsqu’il adressera ses vœux aux troupes françaises basées au Liban, il pourrait avec intérêt chercher à comprendre pourquoi et comment un autre ennemi d’Israël, le Hezbollah, a réussi à installer 7 missiles prêts à lancer dans un minuscule territoire censément surveillé au laser par ses soldats d’élite.
Lorsque le Président français aura obtenu la réponse à sa question, il pourra parler de trêve avec Israël. Mais qu'il se hâte !
Lorsque la météo sera favorable, les troupes au sol interviendront à Gaza et il ne sera plus question de stopper quoique ce soit.
Pierre Lefebvre © Primo, 31 décembre 2008