jeudi 18 décembre 2008

L'Iran : un première bombe atomique d'ici à 2010 ?



Démonstration militaire du missile balistique longue portée Sahab 3, en sepembre dernier.

La mission française d'information parlementaire sur l'Iran a acquis la certitude que le programme nucléaire de Téhéran a des visées militaires.

Les Israéliens le disent haut et fort depuis longtemps. Mais l'Agence internationale pour l'énergie atomique a longtemps tergiversé, laissant presque à l'Iran le bénéfice du doute. Le député socialiste Jean-Louis Bianco, en a, lui, «la certitude» : le programme nucléaire iranien a des visées militaires. Pire : il pourrait produire sa première bombe atomique entre 2009 et 2010.


C'est l'une des principales conclusions du rapport de la commission des affaires étrangères, dont la mission d'information sur l'Iran a planché pendant un an sur le dossier et recueilli les témoignages de nombreux experts, en Iran et ailleurs.

«Les Iraniens ont enrichi 1 600 kilos d'uranium mais sont incapables de fournir une réponse, de produire un projet concret lorsqu'on les interroge sur l'avancée de leur programme civil. Pourquoi ?», de­mande Jean-Louis Bianco, qui a présidé la mission. Autre information : «Téhéran possède les plans de la bombe nucléaire, sans doute obtenus grâce à la filière pakistanaise. Les Iraniens ont aussi développé un programme de miniaturisation de la bombe.»

Enfin, les missiles balistiques longue portée Sahab 3, équipés de nouvelles têtes, placent désormais à portée de tir iranien Israël et l'Europe.

«Je ne crois pas que l'atome rend sage»

Plusieurs fois menacé de destruction par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, l'État hébreu est le premier concerné par le développement du programme nucléaire de Téhéran. Mais les pays arabes sunnites s'inquiètent eux aussi de l'influence grandissante de l'Iran chiite dans la région. En relançant la prolifération nuc­léaire, la bombe atomique iranienne signerait également la fin du TNP, le traité de non-prolifération. «Ahmadinejad, je l'espère, n'est pas assez fou pour frapper Israël. Je pense que la bombe nucléaire reste une arme à visée politique pour l'Iran. Mais je ne crois pas dans la thèse qui consiste à dire que l'atome rend sage», prévient Jean-Louis Bianco.

Pour le député socialiste, qui juge la situation «très préoccupante», l'unique porte de sortie con­siste à ouvrir des négociations «sans préalable», c'est-à-dire sans placer le dossier nucléaire au sommet de l'agenda. «La société iranienne est complexe. Contrairement à Ahmadinejad, elle n'est pas antisémite. Les Iraniens veulent d'abord assurer leur sécurité. Il faudrait leur proposer un grand deal incluant le développement économique et la stabilité de la région», poursuit-il.

Le problème, c'est que le temps presse. L'année 2009 sera cruciale. Entre les élections à Tel-Aviv et Téhéran et la tentation israélienne de frapper militairement les installations nucléaires iraniennes, la marge de manœuvre des capitales occidentales est étroite. Le nouveau président américain a annoncé son intention de négocier avec le pouvoir iranien. Sa tâche ne sera pas facilitée par la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, qui ont toujours joué un jeu double et pernicieux vis-à-vis du programme nucléaire iranien. En Israël, beaucoup craignent que Téhéran utilise ces nouvelles négociations pour gagner du temps, jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour empêcher son projet d'aller à son terme. Conscient de ce risque, le président de la mission d'information estime cependant qu'il n'y a aujourd'hui «pas d'autre alternative».
le figaro.fr