vendredi 12 décembre 2008
Les options limitées d'Israël face au Hamas
Un jeune Palestinien dans les rues de Gaza. Si le cessez-le-feu conclu en juin dernier entre Israël et le Hamas est toujours en vigueur, sur le terrain, la situation reste très tendue.
Crédits photo : AFP
Le premier ministre a tenu une réunion extraordinaire mercredi pour envisager un durcissement de la politique à l'égard de Gaza.
La bataille de basse intensité qui se livre depuis le début du mois de novembre autour de Gaza ressemble à un siège médiéval où les roquettes et les missiles ont remplacé les catapultes. Israël et le Hamas ont jusqu'à présent limité leurs attaques, chaque camp affirmant ne faire que riposter aux actions adverses. Mais ce bras de fer menace de jour en jour de monter en puissance.
Entourée de barbelés, Gaza est une étroite bande de terre sablonneuse où s'entassent près de 1,5 million de Palestiniens. Le territoire est soumis à un blocus étroit de la part d'Israël. Les accès terrestres sont pratiquement fermés. Le ravitaillement ne passe qu'au compte-gouttes. Les coupures d'électricité sont quotidiennes, la centrale de Gaza dépendant des livraisons de gazole depuis Israël. L'argent liquide commence aussi à manquer, puisque Gaza utilise le shekel israélien. Le gouvernement a toutefois autorisé hier le transfert de 100 millions de shekels (25 millions de dollars) pour le paiement des fonctionnaires. Les diplomates et les journalistes n'ont eux accès qu'en de rares occasions au territoire. Sur mer, la marine israélienne ne laisse passer que quelques bateaux chargés d'aide humanitaire et de militants internationaux propalestiniens, reçus en grande pompe par les dirigeants du Hamas.
Paradoxalement, le cessez-le-feu conclu en juin dernier entre Israël et le Hamas est toujours officiellement en vigueur. Mais les roquettes de moins en moins artisanales du Hamas continuent de tomber presque quotidiennement sur les villes israéliennes à leur portée, en particulier, sur Sderot. 220 roquettes et obus de mortier ont été tirés à partir de la bande de Gaza depuis le 4 novembre. Les tirs n'ont jusqu'à présent fait aucune victime, mais les habitants des localités visées sont sur le qui-vive jour et nuit, prêts à gagner leurs abris. Israël refuse de lever le siège aussi longtemps que ces tirs continueront. Ce à quoi le Hamas rétorque qu'il ne fait que riposter aux attaques israéliennes.
Ce curieux cessez-le-feu, négocié par l'intermédiaire de l'Égypte, expire le 19 décembre. Il risque fort de ne pas être reconduit. En pleine campagne électorale, le premier ministre démissionnaire israélien Ehoud Olmert s'est réuni mercredi avec son ministre de la Défense Ehoud Barak, et des Affaires étrangères, Tzipi Livni, pour discuter d'un éventuel durcissement de la politique israélienne à l'égard de Gaza.
Le Hamas renforcé militairement
Mais les options israéliennes restent limitées. Le blocus n'a jusqu'à présent pas réussi à faire plier le Hamas. La Cour suprême israélienne interdit à l'armée de recourir à l'artillerie, en raison de la densité de population du territoire, l'une des plus élevées au monde. Les missiles antichars, tirés à plusieurs kilomètres de distance par l'aviation israélienne, ont aussi atteint leurs limites, les Palestiniens ayant appris à s'en protéger. L'ultime option reste celle d'une attaque terrestre pour détruire les capacités militaires du Hamas. La dernière en date avait eu lieu en 2006, après la capture par le Hamas du caporal israélien Gilad Shalit, toujours détenu depuis à Gaza. L'armée israélienne avait fini par se retirer sans résultats.
Un nouvel assaut pourrait se révéler coûteux pour les assaillants. Depuis 2006, le Hamas s'est rendu maître de Gaza et a considérablement renforcé son potentiel militaire. Le mouvement islamiste, dirigé par Ismaël Haniyeh, a pris le contrôle des nombreux tunnels qui relient Gaza à l'Égypte.
Ces tunnels, que les autorités égyptiennes n'ont jamais vraiment réussi à contrôler, servent à importer clandestinement du ravitaillement, du gazole et même du bétail, mais aussi des armes. Selon les services de sécurité israéliens, le Hamas aurait constitué via ces tunnels un arsenal important d'armes individuelles et d'explosifs. Ainsi, des roquettes de type Grad, d'une portée largement supérieure aux projectiles artisanaux palestiniens, menacent à présent la ville d'Ashkelon. S'inspirant des techniques de guérilla urbaine utilisées par les insurgés irakiens et le Hezbollah libanais, le Hamas aurait aussi préparé des engins explosifs enterrés. Des tunnels auraient été creusés pour permettre aux combattants de se déplacer sans être repérés par les drones israéliens et à la direction du mouvement de se protéger des redoutables missiles guidés.
C'est l'attaque d'un de ces tunnels, creusé par le Hamas vers le territoire israélien, qui avait déclenché la riposte du mouvement islamiste. La politique de retenue prônée par Ehoud Barak est de plus en plus critiquée par des responsables israéliens, dont Tzipi Livni. Cette guérilla souterraine et balistique de basse intensité risque chaque jour de dégénérer en un affrontement direct.
FIGARO.FR