mercredi 18 mars 2009

Goasguen : "Les droits de l'Homme sont en danger !"


Claude Goasguen
Photo: DR , JPost

Par NATHALIE BITOUN


Jerusalem Post : La Conférence de Durban II se tiendra à Genève entre le 20 et le 24 avril et discutera du racisme, de l'intolérance et des discriminations. Le projet de déclaration finale prend certaines orientations dangereuses, qu'en pensez-vous ?

Claude Goasguen : J'en pense le plus grand mal ! Cette mascarade représente un danger extraordinaire.

C'est un piège dont les conséquences pourraient être encore plus néfastes que Durban I. Durban I avait été l'occasion pour des dictatures et des pays ne respectant pas les droits de l'Homme de s'allier pour exposer des thèses antidémocratiques, racistes et antisémites.

La conférence sert de prétexte aux organisateurs lybiens qui en occupent la présidence, aux Cubains qui sont rapporteurs, et aux Iraniens, vice-présidents, pour justifier des pratiques injustifiables et condamner la conception des droits de l'Homme issue de la Déclaration universelle de 1948.

Je ne suis pas prêt, pour ma part, d'accepter cette parodie. Les textes préparatoires de la conférence sacrifient la liberté d'expression à la faveur de la primauté religieuse, et ce, sous les yeux des pays les mieux placés pour parler de droits de l'Homme.

Ils confortent les discriminations à l'encontre des minorités, des femmes. Les valeurs absolues auxquelles l'humanité tend sont largement mises à mal. On essaie même de nous faire accepter l'idée de droits différents pour la femme dans les pays musulmans, sous prétexte de relativisme culturel !

C'est du communautarisme culturel qu'on veut intégrer à la Déclaration des Droits de l'Homme, sur fond d'antisémitisme vicieux.

J.P. : Le Canada, les Etats-Unis, et Israël ont eux déjà annoncé qu'ils ne participeraient pas à cette conférence. L'Italie est le seul pays européen à s'en retirer. Quelle est la position de la France?

C.G. : Pour ma part, je souhaite bien évidemment que les Français suivent le même chemin que les Américains en se retirant complètement de la conférence.

Mais la France doit se retirer avant Genève. Participer aux débats pour ne s'en dégager que plus tard constituerait un aveu de faiblesse que les responsables de cette parodie humanitaire ne manqueraient pas d'exploiter.

Le Quai d'Orsay est bloqué sur une position d'attentisme et pendant ce temps, il ne faut pas oublier que nos valeurs les plus fondamentales sont attaquées.

Récemment, le rapporteur spécial de l'ONU sur les formes contemporaines de racisme a déclaré que la loi française contre le port des signes religieux à l'école était un racisme antimusulman, que la laïcité est un principe ancré dans la culture esclavagiste et colonialiste occidentale et que l'interdiction du port de la burqua est islamophobe.

Et c'est pour cela que j'invite, en ce qui me concerne, et comme je l'ai exprimé dans mon appel parlementaire, tous les députés à se mobiliser pour obtenir une décision claire et publique de notre gouvernement.

J.P. : Est-ce que, dans ce contexte, on peut encore croire en l'ONU ? C.G. : On ne peut en tous les cas plus croire au Conseil des droits de l'Homme.

Ce que je regrette, c'est que l'ONU soit devenue une machine où l'organisation islamiste est puissante et pèse sur les décisions politiques et financières. On touche aux fondements mêmes de sa création.

Comme la SDN à l'époque, qui était tombée sous les attaques de ses fondements, à Genève. C'est aussi à Genève que l'institution onusienne, tant révérée par le passé, risque aujourd'hui de perdre de sa majesté.

J.P. : On sent le Quai d'Orsay encore très réticent à un changement de politique, qu'en est-il de l'action que vous menez en tant que vice-président du groupe d'amitiés France-Israël à l'Assemblée nationale ?

C.G. : L'élection de Nicolas Sarkozy a changé le paysage des relations entre la France et Israël. L'image, malgré Gaza, s'est améliorée. On observe une nette rupture, mais, pour le Quai d'Orsay, ancré dans une certaine "tradition", le rapprochement ne semble pas si simple.

Face à cela, mon attitude au sein de mon groupe parlementaire est simplement de harceler de façon permanente le Quai d'Orsay, sur des questions comme Durban II ou en ce qui concerne les relations franco-israéliennes, et notamment au sujet de Guilad Shalit.

Ce soldat a la double nationalité franco-israélienne, ses parents sont français, et, au même titre qu'Ingrid Betancourt, nous avons le devoir de ne pas passer sous silence cette captivité.

Il est un otage, au sens juridique le plus barbare, et nous ne devons pas accepter ce retour au Moyen-Age. Je suis donc tout à fait favorable à ce qu'a déclaré Nicolas Sarkozy quant à la libération de Guilad Shalit comme préalable à tout rétablissement des négociations.

J.P. : C'est dans cet état d'esprit que vous participerez à la 3e rencontre mondiale du judaïsme francophone et à la conférence plénière sur les 60 ans de la Déclaration des droits de l'Homme ?

C.G. : Mon intervention de clôture est directement liée à l'actualité. Notre vision du monde est très proche avec Israël. Il ne faut pas oublier que le père de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, René Cassin, est un Français d'origine juive. Après Durban, nous avons beaucoup de choses en commun à défendre.