lundi 2 mars 2009
Les inquiétudes de Sharm el-Sheikh
Responsables internationaux à la conférence pour la reconstruction de Gaza à Sharm el-Sheikh. A gauche : la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'adresse au président égyptien Hosni Moubarak, en bas à droite.
Photo: AP , JPost
Par BRENDA GAZZAR
Top départ pour la conférence internationale des donateurs pour la reconstruction de Gaza. Plus de 70 pays et 15 organisations ont rendez-vous lundi 2 mars à Sharm el-Sheikh.
Objectif : proposer et réunir des fonds pour réparer les dégâts dans l'enclave palestinienne causés lors de l'opération "Plomb durci".
Certains pays et institutions comme l'Arabie Saoudite, l'Union Européenne ou les Etats-Unis ont promis de verser de grosses sommes d'argent. Le Premier ministre de l'Autorité palestinienne (AP) Salaam Fayad devrait ainsi recevoir quelque 2,8 milliards de dollars au total.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères égyptien Hossam Zaki a déclaré dimanche que les donateurs pouvaient s'adresser aux diverses instances déjà existantes - tels la Banque mondiale, l'Union européenne ou le Fond islamique, tous trois en contact avec l'AP - pour financer la reconstruction. Mais de nouveaux canaux de financements pourront bien-sûr être proposés lors de la conférence, a-t-il ajouté.
En plus de donations directes à l'AP, de l'aide pourra aussi être transférée via les Nations-Unies, des organisations non-gouvernementales ou le secteur privé, ont expliqué des économistes palestiniens.
L'Union européenne quant à elle prévoit pour verser la majorité de son aide de passer par l'AP, considérée comme l'unique représentant légitime du peuple palestinien.
Parallèlement, les Palestiniens et les diplomates internationaux se disent inquiets de voir toutes ses promesses d'argent disparaître à moins qu'Israël n'accepte de lever le blocus imposé à la bande de Gaza depuis 19 mois, ce qui permettrait à l'argent liquide et aux matériels nécessaires à la reconstruction d'être transférés vers l'enclave palestinienne.
"Quelle est la valeur de ces millions de dollars si Israël n'autorise pas le moindre transfert de matériels comme du ciment, du verre, du métal ou des tubes ?", interroge Moustafa Barghouti, député palestinien. "Le siège israélien et la fermeture [des points de passage] avec Gaza empêchera toute reconstruction", déclare-t-il.
Et d'ajouter : la communauté internationale, et en particulier les Etats-Unis et l'UE, devraient demander à l'Etat hébreu de la levée immédiate du blocus et exiger des garanties de la part des Israéliens "qu'ils ne détruiront pas ce qui sera reconstruit". Selon Barghouti, Israël devrait même payer pour les dégâts causés sur les infrastructures civiles.
Des inquiétudes concernant le blocus israélien sur l'enclave palestinienne se sont également fait entendre du côté de certains responsables européens.
"Je pense que tout le monde se soucie fortement de savoir si les biens et les matériels pour la reconstruction trouveront un accès à Gaza", a expliqué Roy Dickinson, chef des opérations du bureau de la commission européenne à Jérusalem. Cette dernière, aux côtés des Nations-Unies, de Washington et d'autres encore, est le co-sponsor de la conférence du 2 mars en Egypte. "Tout le monde à Sharm el-Sheikh sera unanime sur le fait que la réouverture des points de passage est cruciale et presque la seule solution pour le moment."
Pour les officiels israéliens en revanche, la solution de lever les obstacles en vue de la reconstruction de Gaza dépend des Palestiniens.
En effet, plus de 90 roquettes ont été tirées depuis Gaza sur le sud de l'Etat hébreu depuis l'annonce d'un cessez-le-feu unilatéral il y a environ un mois. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Yigal Palmor , "[Cce sont ces attaques] qui empêchent la situation de devenir normale."