mercredi 11 mars 2009
Où se trouve vraiment le Tombeau de Mordekhaï et Esther ?
Le tombeau d'Esther et Mordekhai
Il y a quelques mois, le régime iranien pourtant généralement hostile au judaïsme a ajouté un site saint juif à sa liste de Monuments historiques nationaux. Le 9 décembre 2008, la presse iranienne a annoncé que le Tombeau de Mordekhaï et Esther, les héros de la fête de Pourim, jouirait maintenant d’un statut officiel et serait placé sous la protection et la responsabilité du gouvernement iranien.
Cette démarche a mis en vedette quelques temps un site cher aux Juifs iraniens, mais plutôt inconnu pour ceux des autres pays. Avec Pourim, célébré ces mardi et mercredi, il est intéressant de réfléchir un moment sur ce vestige du passé du peuple juif.
Le mausolée abritant le Tombeau de Mordekhaï et Esther est en fait une structure en briques, toute simple et surmontée d’un dôme construit il y a cinq à sept siècles. Ce lieu saint est situé au nord ouest de la ville iranienne d’Hamadan, à environ 335 km à l’est de Téhéran. D’après la tradition, Hamadan est considéré comme l’emplacement exact de la ville de Chouchan, où se sont déroulés une partie des événements contés dans le Rouleau d’Esther.
Au cours des âges, plusieurs voyageurs ont rapporté des témoignages sur ce site. Parmi eux, le célèbre voyageur juif du XXIIe siècle Benjamin de Tudèle.
Les Juifs iraniens vénéraient ce Tombeau et nombre d’entre eux se rendaient à Hamadan pour y fêter Pourim et lire la Méguila (le rouleau d’Esther). D’autres y célébraient des bar-mitsvas ou des circoncisions.
On affirme que l’entrée du site a volontairement été construite trop basse pour contraindre les visiteurs à baisser la tête en entrant, afin de les mettre dans une situation de respect. A l’intérieur du principal hall d’entrée, qui est orné d’inscriptions hébraïques, se trouvent deux grands coffrent en bois sculpté, sous lesquels reposent les dépouilles de Mordekhaï et Esther.
Près du mausolée, on voit un gros trou dans le sol. Les Juifs iraniens croient qu’il s’agit de l’entrée d’un tunnel permettant de se rendre à Jérusalem.
Il est cependant intéressant de remarquer qu’il y a une autre tradition, selon laquelle les tombes de Mordekhaï et Esther se trouvent à la périphérie du village de Baram en Haute Galilée, non loin de Safed. Le tombeau recouvert d’un tas de grosses pierres se trouve au cœur d’une forêt et n’est accessible qu’au bout de plusieurs minutes de marche.
En 1215, Rabbi Ménahem HaHevroni écrit qu’en visitant la Galilée, il est passé devant la tombe de la reine Esther, “qui pendant sa vie a demandé à son fils Cyrus de faire venir ses restes en Israël.” D’autres pèlerins mentionnent le site et affirment que des festivités y avaient lieu à Shoushan Pourim.
Après la libération de la région pendant la Guerre d’indépendance, un groupe de Juifs de Safed a recommencé les pèlerinages de Pourim sur le site et y a lu la Méguila.
Bien qu’on ignore laquelle des deux traditions est la bonne, une chose est sûre : les actions de ces deux leaders du peuple juif ont imprégné la mémoire collective du peuple juif. Comme il est dit dans la Méguila (9, 28) : “de commémorer et de célébrer ces jours de génération en génération, dans chaque famille, dans chaque province et dans chaque ville, et de ne pas laisser disparaître ces jours de Pourim du milieu des juifs ni s’en effacer le souvenir du milieu de leurs descendants.”
par Yael Ancri
arouts sheva