mercredi 4 mars 2009
Iran : Les Arabes et le « défi iranien »
Téhéran refuse la main tendue par Washington et ce dernier renoue avec les intimidations indirectes pour le forcer à accepter des négociations en direct. Après le retour des menaces de frappes israéliennes, nous assistons à un appel saoudien qui demande la création d’un front arabe pour faire face au « défi iranien ».
En décembre 2007, peu après la publication du rapport des 16 services secrets américains qui avaient dévalué la menace nucléaire iranienne (afin de donner une chance à une entente), le Roi Abdallah d’Arabie, le plus important allié arabe des Etats-Unis, avait invité Ahmadinejad à participer au pèlerinage de La Mecque. Ainsi indirectement, Bush laissait entrevoir aux mollahs l’étendue des bénéfices d’être un de ses alliés. On avait alors vu le roi saoudien très affectueux avec le vilain révolutionnaire venu de Téhéran. Mais par la suite, il n’est rien resté de leurs œillades : en mai 2008, conjointement avec les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite accusait Téhéran d’ingérence au Liban avant de redevenir amicale en juin 2008, quand Washington espérait décrocher une entente après avoir accordé une importante concession aux mollahs au sujet du Hezbollah.
La qualité des relations irano-saoudiennes dépend beaucoup des desiderata de Washington. C’est ce qui explique l’appel à l’union contre l’Iran lancé par le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al-Fayçal, à l’occasion de la Ligue Arabe au Caire.
De nombreux Iraniens lassés des mollahs (et qui ignorent l’inefficacité légendaire de la Ligue Arabe) ont été enthousiasmés par cet appel en y voyant le signal pour un rejet global du régime des mollahs. Cet enthousiasme n’a pas lieu d’être car d’un côté cet appel pourrait laisser sa place à des accolades si Washington le désirait, et de l’autre il n’est pas dirigé contre les mollahs mais vraiment contre l’Iran.
En fait, cet appel ne date pas de l’avènement du régime des mollahs, promoteur d’instabilité au Moyen-Orient. Il existait du temps du Chah qui pourtant ne soutenait aucun mouvement terroriste et en plus oeuvrait pour éviter les conflits avec ses voisins arabes tout en multipliant les contacts pour réconcilier les Egyptiens et les Israéliens pour consolider la stabilité de cette région.
A cette époque, les membres agitateurs de la Ligue Arabe contribuaient à assurer la formation des organisations terroristes actives en Iran quand au même moment, l’Arabie Saoudite finançait (avec la bénédiction des Américains) via une fondation basée en Suisse des islamistes iraniens (comme Bani Sadr) et ce pour combattre la montée en puissance de l’Iran dans le Golfe Persique.
Cette politique anti-iranienne absurde s’est avérée suicidaire car les Saoudiens ont découvert un peu tardivement que leurs chers alliés Américains espéraient utiliser le souffle révolutionnaire islamique en Iran pour exploser le Moyen-Orient afin de le remodeler selon les besoins de leurs intérêts globaux. Aujourd’hui encore, les Saoudiens aident les Etats-Unis en se laissant instrumentaliser pour une politique de pressions sur les mollahs dont l’objectif est une entente irano-américaine pour reprendre le fil rompu des néfastes projets américains de 1979. C’est pourquoi, dans tous les cas de figures, il n’est pas sain de s’en enthousiasmer. Le seul signal positif contre les mollahs sera un soutien franc aux patriotes iraniens.
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