samedi 9 mai 2009

Dieudonné présente un assemblage hétéroclite aux élections européennes



REUTERS/BENOIT TESSIER
Définissant sa démarche comme "glisser une petite quenelle dans le fond du fion du sionisme", Dieudonné a présenté, lors d'une conférence de presse, vendredi 8 mai, au Théâtre de la Main d'or, à Paris, vingt candidats sur les vingt-six obligatoires en Ile-de-France.
Dieudonné et ses amis ne déposeront bien qu'une seule "liste antisioniste", en Ile-de-France, en vue du scrutin du 7 juin pour les élections européennes (Le Monde du 5 mai). Le dépôt officiel devrait avoir lieu mercredi 13 mai et intervient alors que le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a indiqué, dimanche 3 mai sur Radio J, que "les pouvoirs publics" étudiaient la possibilité de la faire interdire tout en reconnaissant que ce serait compliqué en droit.

Doit-on faire taire Dieudonné ?
Edition abonnés Archive : Peut-on interdire les listes Dieudonné aux européennes ?
Définissant sa démarche comme "glisser une petite quenelle dans le fond du fion du sionisme", Dieudonné a présenté, lors d'une conférence de presse, vendredi 8 mai, au Théâtre de la Main d'or, à Paris, vingt candidats sur les vingt-six obligatoires en Ile-de-France.

Outre les trois leaders que sont Dieudonné, Yahia Gouasmi, président du Parti antisioniste, et Alain Soral - polémiste, ancien du PCF et ex-membre du comité central du Front national -, un attelage plus qu'improbable compose cette liste, dont le seul ciment est la lutte contre la "sionisation" de la société et des institutions françaises.

Ainsi doivent cohabiter des membres d'Egalité et Réconciliation, l'association d'extrême droite d'Alain Soral, des tenants du nationalisme catholique "contre-révolutionnaire", issus du Renouveau français - groupuscule qui se réclame, entre autres, de Charles Maurras, de Pétain et des Phalanges espagnoles - et des femmes voilées, militantes religieuses chiites du Parti antisioniste. Tous invoquant un engagement "anticommunautariste".

On compte encore sur la liste Michael Guérin, ancien responsable du Front national de la jeunesse (FNJ) Rhône-Alpes, assis à côté de Francesco Condemi, passé jadis par l'extrême gauche, "à la LCR et dans la mouvance libertaire". Il y a encore Ginette Skandrani, cofondatrice des Verts, exclue de ce parti pour ses collaborations au site Internet négationniste Aaargh, ou l'universitaire Maria Poumier, également proche de ces milieux et qui se réclame d'Hugo Chavez, en l'honneur duquel elle arborait une casquette aux couleurs du Vénézuela.

"ISLAMO-BAMBOULA"

Sans oublier un dénommé Christian Cotten, responsable du site Politique de vie qui se dit "militant de la paix, de l'amour et de la liberté" en sus d'être "psychosociologue et psychothérapeute", visiblement convaincu qu'il y a manipulation derrière "la fausse épidémie de grippe" actuelle.

En présence notamment de la télévision iranienne, M. Soral a défini l'objectif de cette liste comme la "lutte contre la puissance et l'omniprésence du lobby sioniste français". M. Gouasmi a, quant a lui, affirmé que "le sionisme aime diviser, c'est son sport favori, pour pouvoir contrôler la France". Et d'ajouter : "Les chrétiens sont étrangers chez eux. Ce sont les Palestiniens de la France. Chrétiens, réveillez-vous !"

"Le lobby sioniste veut créer un nouvel antisémitisme : l'islamo-bamboula", a lancé Ahmed Moualek, proche de Dieudonné et animateur du site La banlieue s'exprime. L'affaire Fofana, c'est une escroquerie", a-t-il ajouté.

M. Soral s'est par ailleurs montré très agressif envers des journalistes qui assistaient à la conférence de presse. Il les a qualifiés de "petits collabos retournés" et mis en cause à plusieurs reprises.


MADE IN FRANCE
Abel Mestre et Caroline Monnot
http://www.lemonde.fr/elections-europeennes/article/2009/05/09/dieudonne-presente-un-assemblage-heteroclite-aux-elections-europeennes_1190942_1168667.html