lundi 25 mai 2009
L'écrivain jordanien Farid Salman : La Jordanie et la Cisjordanie doivent former un Etat palestinien qui accueillera les réfugiés
1922 - LIVRE BLANC
Ci-dessous des extraits d'un entretien de l'écrivain libanais Farid Salman, diffusé sur OTV le 6 mai 2009.
Voir les extraits-vidéo sous-titrés en anglais sur MEMRI TV : http://www.memritv.org/clip/en/2121.htm.
Farid Salman : La Jordanie est une invention. La Transjordanie, qui était un émirat, et qui plus tard est devenue le Royaume hachémite, fait partie de la Palestine. La Grande-Bretagne l'a créée [la Jordanie] pour couronner l'un des fils d'Hussein, de la péninsule Arabique, sur une partie de la Grande Syrie – sur la Palestine. C'est encore aujourd'hui la raison… Si on ne la supprime pas, le problème palestinien ne sera pas résolu. C'est impossible.
Interviewer : Certains en Israël évoquent l'option jordanienne…
Farid Salman : Ils ont raison.
Interviewer : A l'époque d'Abba Eban…
Farid Salman : Nous avons raté une occasion avec Abba Eban.
"Aujourd'hui, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer quand j'entends un Jordanien dire qu'il est Jordanien et qu'il existe des camps de réfugiés palestiniens en Jordanie."
Interviewer : C'est pourquoi les batailles de septembre noir de 1969 et 1970 ont eu lieu et la crise s'est déplacée ici, au Liban. Mais le roi Hussein a stabilisé son trône…
Farid Salman : Ce n'était pas lui. Les Anglais ont stabilisé le trône. Glubb Pasha l'a fait pour son grand-père, et les Anglais poursuivent sur sa lignée jusqu'à ce jour. Les Israéliens aussi [ont stabilisé le pouvoir jordanien]. Le régime sioniste en Israël est contre la paix. Il ne veut pas la paix. Abba Eban était l'un des personnages les plus importants en Israël, mais nous n'avons pas su profiter de lui, et les sionistes ont fini par se débarrasser de lui. Ils l'ont envoyé enseigner en Amérique, l'éloignant de la scène. Il pouvait voir la vérité. Aujourd'hui, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer quand j'entends un Jordanien dire qu'il est Jordanien et qu'il existe des camps de réfugiés palestiniens en Jordanie. Il a oublié qu'il est palestinien. Que voulez-vous dire par "Jordanien" ? La Transjordanie est exactement comme la Cisjordanie. Le roi de Jordanie était derrière la guerre du Liban. Il a envoyé les Palestiniens au Liban. Nous ne devons pas oublier le rôle joué par la Jordanie au Liban.
(…)
En ce qui concerne Israël, je suis très optimiste. Pendant 40 ans, j'ai écrit sur le sujet – sur le sionisme et ceux que j'appelle les "Juifdaniens", ces Juifs dans le monde qui sont contre la philosophie et l'Etat sionistes. Ils sont maintenant au pouvoir, eux et Obama. Ils ont commencé…
Interviewer : Avec le plan du premier Bush…
Farid Salman : A Madrid…
Interviewer : Oui.
Farid Salman : Ce sont eux qui ont mené Obama au pouvoir. Ils l'ont soutenu financièrement. Il y a quelques semaines, ils ont annoncé qu'ils créaient un lobby. Jusqu'à présent, ils agissaient en coulisses, mais maintenant ils agissent au grand jour. Une crise existentielle israélienne a vu le jour chez les Juifs eux-mêmes – opposant sionistes et non sionistes. Les sionistes au pouvoir aujourd'hui – Lieberman et Netanyahu… La paix ne pourra jamais venir d'eux. Ils susciteront une crise [d'identité] juive en Israël et dans le monde, et je pense qu'ils seront les perdants. S'ils n'en sont pas les perdants, ce sera la fin du régime sioniste en Israël.
Interviewer : Les "Juifdaniens", qui soutiennent Obama, peuvent-ils comprendre où se trouve la solution et accorder aux Palestiniens le droit de retour ?
"Nous avons fait du droit de retour un casus belli."
Farid Salman : Nous avons fait du droit de retour un casus belli… Laissez-moi vous dire quelque chose : quand un Etat palestinien sera créé et que la Jordanie deviendra l'Etat palestinien, avec la Cisjordanie…
Interviewer : C'est la solution, à votre avis ?
Farid Salman : Bien sûr. Et quand cela arrivera, nous n'aurons pas besoin de l'approbation d'Israël pour le repeuplement… Quand il y aura un Etat palestinien, ce dernier invitera les Palestiniens. La Jordanie accueillera 30 millions [de Palestiniens]. A New York, il y a 20 millions de personnes.
Interviewer : Pensez-vous que nous nous trouvions au début d'un processus d'effondrement des régimes de la région ?
Farid Salman : Bien entendu.
Interviewer : Comme dans un jeu de dominos, l'un entraînera l'effondrement de l'autre ?
Farid Salman : Indiscutablement. Il n'y a pas d'autre solution au Moyen-Orient. Qui a inventé l'histoire du transfert des réfugiés au Liban ? Soyons clairs : ce sont les sunnites. C'est Al-Hariri, et sa sœur suit sa voie. L'ambassadeur palestinien au Liban est leur complice.
Interviewer : Abbas Zaki ?
"Il existe un plan visant à accroître le nombre de sunnites en transférant les Palestiniens au Liban."
Farid Salman : Lui-même, avec Fuad Siniora. Il existe un plan visant à accroître le nombre de sunnites en transférant les Palestiniens au Liban. Ce sont eux qui parlent de repeuplement. Le jour où le problème palestinien sera résolu et où ils auront un Etat – en Jordanie, en Cisjordanie, ou ailleurs…
Interviewer : Arafat disait : "Donnez-moi un Etat, même sur le dos d'un âne."
Farid Salman : Où que ce soit… Un demi-million de Palestiniens au Liban iront dans leur Etat. Et on en finira avec cette histoire. Nous n'aurons pas besoin de l'approbation d'Israël ou du monde. Ce sera leur Etat, et on les y invitera. Fin de l'histoire.