mercredi 27 mai 2009

"GANG DES BARBARES" : Ruth Halimi "effarée" par l'attitude des accusés



La mère d'Ilan, Ruth Halimi (AP)

NOUVELOBS.COM |
La mère d'Ilan Halimi a fustigé la décontraction, lors des audiences, des membres du "gang des barbares", accusés de l'enlèvement, de la séquestration et du meurtre de son fils.

La journée de mercredi 27 mai a été marquée par le témoignage de Ruth Halimi au procès du "gang des barbares", le groupe de personnes accusées de l'enlèvement, de la séquestration et du meurtre de son fils, Ilan Halimi début 2006.
Ruth Halimi est restée très digne, la parole claire, le ton calme mais ému. La mère du jeune homme a confié ce matin à la barre de la cour d’Assises, combien elle pensait à son fils Ilan chaque jour de sa vie. Combien elle s’en veut encore de n’avoir rien pu faire pour lui. Elle s’est ensuite dit "effarée" par le comportement des accusés dans le box depuis l’ouverture de ce procès. Leurs sourires, leurs attitudes décontractées, et certaines évidences qu’ils nient encore.

"On n'a pas vu ce genre d'acte depuis la Shoah"

Enfin, Ruth Halimi a estimé que les horreurs infligées à son fils, enlevé, torturé, et tué parce qu’il était juif, sont d’une exceptionnelle gravité, qu’on n’a pas vu "ce genre d’acte depuis la Shoah". Elle ajouté que "le seul défaut d’Ilan, c’est donc qu’il était juif". Et sûrement "trop gentil". Pendant ce témoignage poignant, les accusés regardaient tous leurs chaussures, certains se tenant même la tête dans les mains. Youssouf Fofana s’était lui aussi bien affaissé dans son banc.
Les sœurs du jeune juif ainsi que d'anciens collègues de travail doivent être également appelés à la barre. Le témoignage de la mère d'Ilan Halimi intervient au lendemain de celui d'un ancien chef de la brigade criminelle, chargée de l'enquête sur son assassinat. Celui-ci a longuement défendu mardi le bien-fondé des méthodes policières pendant la séquestration du jeune homme, méthodes fortement critiquées par sa mère dans un livre récent.

Série d'enlèvements
Noël Robin, aujourd'hui sous-directeur à la PJ, était appelé à la barre de la cour d'assises des mineurs pour présenter son enquête, au premier jour de l'examen des faits concernant Ilan après plus de trois semaines de débats à huis clos sur les personnalités des accusés puis une série d'enlèvements ratés.
Le policier a notamment répondu aux avocats de Youssouf Fofana qui avaient dénoncé la semaine dernière le rôle selon eux occulte joué par la DGSE (services de renseignements extérieurs) pendant l'enquête.

Conseils oraux
"Ils ne sont pas apparus dans la procédure parce qu'ils ont simplement donné des conseils oraux" aux policiers sur les meilleures "options techniques" pour localiser d'où provenaient les communications des ravisseurs pendant la séquestration, aurait dit en substance Noël Robin d'après cette même source, témoin des débats.
Fofana, 28 ans, chef présumé du "gang", est jugé depuis le 29 avril à huis clos avec 26 coaccusés.

Erreurs
Dans un livre récent, Ruth Halimi avait donc relevé une série d'"erreurs" commises selon elle par les enquêteurs de la PJ, comme le fait de n'avoir alerté ni les médias ni les commissariats de l'enlèvement survenu le 20 janvier 2006, ou de n'avoir pas diffusé une photo de Fofana.
Les méthodes choisies présentaient certes "des risques", aurait admis Noël Robin à la barre, mais le but a toujours été de "protéger la vie d'Ilan".
Ce jeune juif de 23 ans a été séquestré et torturé pendant trois semaines après avoir été enlevé à Paris. Il est mort lors de son transfert à l'hôpital le 13 février 2006.

(Nouvelobs.com)