lundi 25 mai 2009
Un plan vert pour la ville d'or
Vue aérienne de Jérusalem.
Photo: courtesy , JPost
Par PEGGY CIDOR
D'ici quelques années, Jérusalem arborera un nouveau visage. Le nouveau plan d'ensemble de la mairie prévoit en effet de rajeunir la ville. Au programme : une ceinture verte périphérique comprenant des aires de pique-nique, des promenades, un lac et plus de quarante kilomètres de pistes cyclables. Mais aussi de nouvelles constructions écologiques, des immeubles restaurés à Jérusalem-Est, sans oublier une redynamisation économique de la capitale grâce à une grande campagne touristique, l'ouverture de boutiques dans certains hôtels et la création de dizaines de milliers d'emplois dans les domaines du high-tech et de la biotechnologie.
Ce plan d'ensemble, présenté à la presse par la mairie la semaine dernière, est le fruit d'un travail de plusieurs années. Huit ans d'efforts exactement, produits par une équipe composée de presque vingt-cinq experts, qui ont abouti à un programme exhaustif pour la plus étendue et la plus complexe des villes de la Terre promise : Jérusalem, à la fois capitale, ville sainte, endroit scruté par le monde entier. A tel point que le défunt Teddy Kollek avait dit un jour, à son sujet : "A Jérusalem, même planter un arbre peut devenir une affaire internationale."
Entamé par Ehoud Olmert lorsqu'il était encore l'édile de la ville, ce plan d'ensemble a été poursuivi par son successeur, Ouri Lupoliansky. Aujourd'hui, c'est Nir Barkat, en poste depuis un an, qui a repris le flambeau. Après avoir effectué quelques modifications substantielles, le maire s'apprête maintenant à présenter au public, pour la première fois depuis 1959, un plan qu'il estime abouti.
Ce dernier conserve les grandes lignes directrices du plan original de 2003, tout en étant plus conforme à ce que la nouvelle administration municipale a en tête pour Jérusalem. A savoir, précise Naomi Tsour, adjointe de Barkat et responsable des projets environnementaux : promouvoir les énergies renouvelables et la nature, soutenir le développement économique et les commerces, proposer des logements abordables et surtout, multiplier le nombre de touristes dans les rues de la capitale.
Barkat n'a d'ailleurs jamais tu ses ambitions sur ce dernier point. "La ville mérite au moins cela", répétait-il pendant sa campagne électorale. Selon lui, l'ensemble de la Vieille Ville et ce qu'on appelle le "Bassin sacré" (qui comprend le mont Scopus, le mont des Oliviers, la Cité de David) doivent devenir le principal pôle touristique pour les visiteurs du monde entier. Malgré la pression exercée par certaines organisations qui estiment qu'un partage de la ville serait la seule solution pour obtenir la paix dans la région, Barkat ne soutient pas (et c'est un euphémisme) l'idée d'une ville divisée. Il inclut donc dans ses projets toute la partie orientale de Jérusalem.
Et pour lui, c'est précisément cette partie de la capitale, dont le quartier de Silwan, qui doit être développée en terme de tourisme religieux et historique. Pour le moment cependant, même si quelques idées du maire ont été rendues publiques, aucune action n'a encore été entreprise. Car, comme les responsables du Bureau du Premier ministre l'ont affirmé récemment : "La politique de développement de Jérusalem-Est reste la même", du moins pour l'instant.
Le maire de tout Jérusalem
Selon des sources haut placées de Kikar Safra, la démolition des maisons construites illégalement dans le quartier de Silwan - considérées par les experts comme très instables et dangereuses en cas de fortes chutes de pluies ou d'inondations - ne relève plus de la mairie, mais "de la Cour suprême et du ministère de l'Intérieur", note la responsable du conseil municipal, Michal Shalem.
En revanche, il faut souligner que le plan d'ensemble de Nir Barkat pour les vingt prochaines années est le premier à proposer un projet sérieux et détaillé - y compris au niveau du budget - en faveur des résidents arabes.
En effet, le projet prévoit environ 13 550 unités de logements disponibles (i.e., à partir de permis de construire qui seraient délivrés pour la première fois depuis quarante ans) et dix mille autres unités qui seront bâties d'ici 2030. La plupart d'entre elles se situeront dans les quartiers d'A-Tour, de Beit Hanina-Shouafat, de Djebl Moukaber et à Jérusalem-Est - à l'extérieur de la muraille. Une amélioration des infrastructures dans les quartiers arabes, avec une attention spéciale prêtée aux sites historiques, est également envisagée. Lors d'une récente réunion avec les membres de son équipe, Barkat a souligné son désir de mettre un terme à la discrimination subie par la population arabe de la ville en termes de maintenance, de trottoirs, de routes, de bâtiments publics et d'espaces libres.
De manière plus générale, le tourisme et toute l'industrie qui lui est liée sont un point essentiel du plan d'ensemble révisé. L'objectif de Barkat est clair : attirer environ dix millions de touristes d'ici la fin de son mandat. En plus de la Vieille Ville et du Bassin sacré, les endroits touristiques par excellence selon la mairie incluent quelques sites à l'ouest de la ville, comme le centre-ville, le quartier d'Ein Kerem, la promenade Haas et ses alentours (la crête Armon Hanatziv), et un nouveau venu, le quartier de Lifta, qui doit connaître un développement important. Lors d'une réunion spéciale de la commission du tourisme il y a quelques semaines, une des suggestions portait sur l'ouverture de ce qu'on appelle désormais les "boutiques hôtels ", des établissements tendance, qui se démarquent des grandes chaînes hôtelières en proposant design et aménagement personnalisés. A l'instar de l'hôtel Harmony de Nahalat Shiva, des prestations de première classe seront proposés aux touristes dans un environnement élégant et intime.
Pour une capitale verte
Le document municipal porte également une attention toute particulière aux questions environnementales. A en croire le communiqué de presse, Jérusalem devrait devenir la première ville du pays à initier des constructions écologiques, avec une utilisation largement répandue de panneaux solaires sur les toits des maisons, le recyclage des eaux usées et des toits écologiques. Un principe qui sera également proposé aux résidents d'immeubles déjà existants. Ils recevront un soutien financier pour effectuer de telles installations.
Autre question sur laquelle le nouveau plan de Barkat insiste : les espaces libres. Cinq parcs métropolitains vont naître à la périphérie de la ville. Ils formeront une ceinture verte, favorable aux activités de récréation et de loisirs, comme les sports extrêmes, les aires de pique-nique, les promenades pédestres ou à vélo - et même un lac !
La préservation et la restauration du patrimoine urbain de la ville sont également à l'ordre du jour dans le plan révisé de Barkat. Pour la première fois, Jérusalem établira une liste officielle d'immeubles et de structures importantes à préserver. Itzik Shweiki, le directeur du Conseil pour la préservation des sites de Jérusalem, a présenté une liste au public la semaine dernière. Selon le plan d'ensemble, la première étape consiste à déterminer les parties historiques de la ville, dont des quartiers et des immeubles construits avant 1948, pour ensuite définir les paramètres des aires touristiques et préserver leurs caractères et leurs traits particuliers.
Enfin, le plan de l'administration Barkat prévoit la création de 150 000 emplois dans le high-tech, l'enseignement supérieur, la biotechnologie et d'autres domaines encore, dans quatre nouvelles zones industrielles. A Guivat Shaoul, le plan prévoit la création d'un collège technique et de centres de préparation à l'emploi pour la communauté ultra-orthodoxe largement présente dans ce quartier.
Le projet d'ensemble sera soumis au public pendant
90 jours, pendant lesquels les habitants de la capitale sont invités à faire part de leurs commentaires et de leurs réactions. S'il est approuvé, ce sera le feu vert pour le début des travaux.
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