mercredi 17 septembre 2008

QU'EST-CE QUE LE HEZBOLLAH ?



MILICE DU HEZBOLLAH FAISANT LE SALUT NAZI

par Franck Olivier

Le Hezbollah est un mouvement islamiste chiite dont le nom signifie en arabe « parti de Dieu ». Sa devise résume parfaitement l’idéologie du groupe : « Seuls les membres de la religion d’Allah sont les gagnants ». En 1979, des Gardiens de la révolution iranienne, les Pasdarans, arrivèrent au Liban pour exporter la révolution iranienne. Ils furent accueillis par Mohamed Hussein Fadlallah dans des camps d’entraînement militaire érigés à cet effet. En 1982, ces islamistes fondèrent le Hezbollah avec l’appui de la Syrie, et surtout de l’Iran en réaction à l’invasion israélienne de juin 1982. L’organisation devint rapidement la principale organisation militaire qui se confronta avec Israël dans le sud du Liban. Le Hezbollah réunit diverses mouvances, principalement le Amal Islamique (une dissidence d’Amal) et la branche libanaise du parti Ad-Daawa.

L’inspirateur idéologique et « guide spirituel » du Hezbollah est Mohamed Hussein Fadlallah, théologien né en Irak, issu d’une famille libanaise, qui s’installa à Beyrouth en 1966. Il relaya les discours de l’ayatollah Khomeiny. Depuis l’instauration du régime des Ayatollah en Iran en 1979, l’Iran lui versa des fonds très importants. La Syrie encouragea le développement de l’organisation au Liban tout en prenant bien soin de ne pas lui permettre de s’installer sur son territoire. Aujourd’hui, le chef spirituel du Hezbollah est Hassan Nasrallah qui a étudié en Irak avec le chiite radical Muhammad Baqir al-Sadr (oncle de Muqtada al-Sadr qui a combattu les Américains à Najaf). En 1978, il revint à Beyrouth, et devint rapidement le chef opérationnel du Hezbollah, puis son Secrétaire général depuis 1992. Les membres du Hezbollah ont la particularité de faire le salut nazi.

Le 23 octobre 1983, deux attentats-suicides contre la force multinationale d’interposition font 248 morts américains et 58 morts français. Les États-Unis accusent le Hezbollah et l’Iran d’être derrière l’attentat. Certains pensent que l’attentat qui fit partir les États-Unis et la France a été réalisé par un groupe d’hommes n’appartenant à aucun parti et qui rejoindront pour la plupart le Hezbollah bien après l’opération. De 1985 à 1987, Amal affronte le PSP, le Hezbollah et les Palestiniens dans un épisode appelé « guerre des camps ». Début 1987, Amal est en déroute et la Syrie intervient militairement pour soutenir son plus proche allié. Des combats éclatent entre les militaires syriens et le Hezbollah. L’Iran intervient alors pour imposer un cessez-le-feu.

A partir d’avril 1988, le Hezbollah et Amal s’affrontent violemment pour la domination du sud de Beyrouth dans des combats qui font 600 morts en 2 semaines et qui voient le Hezbollah occuper 95% de la zone dès le 11 mai. L’armée syrienne s’interpose alors, le 25 mai, pour faire cesser les combats. Cette guerre fratricide chiite se clotûrera par une trêve en janvier 1989 puis un accord de paix en octobre 1990.

Entre 1990 et 2000, le Hezbollah renforça son alliance avec la Syrie et devint peu à peu une organisation militaire à part entière, dont le but est la destruction de l’Etat d’Israël. Il poursuivit sa lutte contre Israël dans un conflit qui dépassait largement le cadre du sud du Liban. Son action n’était pas dirigée seulement contre Israël, mais également contre les occidentaux et tous ceux qui ne sont pas musulmans.

Le 12 juillet 1996 Shimon Pérès alors Premier ministre lança l’opération « les Raisins de la colère » pour récupérer deux de ses soldats enlevés par le Hezbollah. Cette offensive marquée par environ 600 raids aériens israéliens et par le tir de 23.000 obus, fit en seize jours 175 morts et 351 blessés, pour l’essentiel des civils, et jeta sur les routes du Liban plus de 300.000 réfugiés. 154 civils trouvèrent la mort, dont 102 lors d’un raid aérien sur le village de Qana. Israël dut stopper son action militaire. Le 26 avril, un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah fut conclu mettant un terme à l’opération.

Après le retrait israélien du sud Liban sous le gouvernement de Barak en juin 2000, une controverse éclata au sujet du secteur dit des fermes de Chebaa. L’ONU ne décida pas du tracé des frontières, mais puisque le gouvernement syrien refusait de notifier à l’ONU la souveraineté du Liban sur ces territoires, l’ONU considéra les fermes de Chebaa comme syriennes. En conséquence, l’ONU considéra le retrait israélien achevé, en accord avec les termes de la résolution 425 (1978).

En septembre 2004, le conseil de sécurité de l’ONU adopta par 9 voix pour (Allemagne, Angola, Bénin, Chili, Espagne, États-Unis, France, Roumanie, Royaume-Uni) et 6 abstentions (Algérie, Brésil, Chine, Pakistan, Philippines, Russie) une résolution exigeant, entre autres, le désarmement de l’ensemble des forces non gouvernementales au Liban. Le Hezbollah refuse jusqu’à ce jour tout désarmement.
Le Hezbollah exige de pouvoir riposter aux agressions israéliennes contre le Liban et demande le retrait israélien du secteur des fermes de Chebaa et le retour au Liban des Libanais prisonniers en Israël.

Le Hezbollah est aujourd’hui un parti politique qui a pignon sur rue. Lors des dernières élections générales, le Hezbollah a obtenu 14 sièges (sur 128) à la chambre des députés. De plus, il a rejoint pour la première fois le gouvernement le 19 juillet 2005. Le ministre de l’Energie, Mohammad Fneich, est un membre du Hezbollah. Faouzi Saloukh et Trad Hamadé, respectivement nommés aux postes de ministre des Affaires Etrangères et du Travail, sont considérés comme pro-Hezbollah.

Le Hezbollah possède deux médias importants : Al-Manar, chaîne de télévision en arabe diffusée depuis le Liban et Al-Nour, station de radio en langue arabe.

Suite à un coup de filet des polices brésiliennes et équatoriennes, mené le 21 juin 2005, mettant à jour un réseau international de trafic de drogues, des soupçons se portent sur ce mouvement comme éventuelle destination des fonds issus de ce trafic.

Le Conseil de l’Union a jusqu’ici jugé que le Hezbollah ne s’inscrivait pas parmi les mouvements terroristes, malgré plusieurs demandes américaines. Certains diplomates européens estiment que le dernier refus de mars 2005 de l’inscrire sur la liste des mouvements terroristes était motivé par le fait que l’Union européenne ne souhaitait pas, en cette période d’instabilité au Liban, aggraver la situation. À la différence du Conseil de l’Union européenne, le Parlement européen a adopté le 10 mars 2005 une résolution (par 473 voix pour et 33 contre) déclarative et non contraignante pour les États membres qualifiant le Hezbollah de terroriste. L’ONU ne classe pas le Hezbollah dans sa liste des organisations terroristes mais le Conseil de sécurité de l’ONU appelle à son désarmement.

PRINCIPALES ACTIONS DU HEZBOLLAH :

Enlèvements :

- Ron Arad, aviateur israélien capturé en 1986, et dont on est sans nouvelle depuis.

- 1983 : le Hezbollah enlève William Buckley, chef de la CIA à Beyrouth, puis l’assassine. Ses restes ont été retrouvés le 27 décembre 1991 dans la banlieue sud de Beyrouth.

- 1985 : 4 Français enlevés : 2 diplomates (Marcel Carton et Marcel Fontaine), 1 journaliste (Jean-Paul Kauffmann) et un chercheur au CNRS (Michel Seurat, exécuté en 1986. Son corps n’a jamais été retrouvé).

- Le journaliste américain Terry Anderson, chef du bureau Moyen-Orient d’Associated Press, est détenu pendant près de 7 ans.

- 1986 : 6 Français enlevés, dont 4 journalistes d’Antenne 2.

- 1988 : William Higgins, un officier américain travaillant pour l’organisation de supervision de la trêve de l’ONU au Sud-Liban (UNTSO) est kidnappé par le Hezbollah, détenu pendant 528 jours, avant d’être exécuté par ses ravisseurs.

- 2000 : 3 soldats israéliens sont enlevés le 8 octobre, et un civil, Elhanan Tannenbaum. En janvier 2004, les corps des trois soldats enlevés ainsi que Tannenbaum furent échangés contre 429 prisonniers libanais et palestiniens.

Attentats :

- 18 avril 1983 : attentat-suicide au camion piégé contre l’Ambassade américaine à Beyrouth, revendiqué par le Hezbollah sous le nom de Jihad Islamique. 63 morts et 120 blessés.

- 23 octobre 1983 : explosions simultanées de deux camions piégés devant les casernes des « marines » américains et de l’Armée française à Beyrouth. 241 marines américains et 56 parachutistes français de la Force multinationale sont tués. La veille de l’attentat, les deux futurs « martyrs » étaient longuement reçus par le guide spirituel du Hezbollah, cheikh Mohamed Hussein Fadlallah.

- 21 décembre 1983 : attaque contre des soldats français de la FINUL au Liban Sud. Bilan : 10 morts, dont un soldat français, et 110 blessés.

- 1984 : l’annexe de l’ambassade américaine près de Beyrouth est frappée par un camion piégé : 16 morts.

- 1992 : le Hezbollah revendique l’attentat contre l’Ambassade d’Israël en Argentine qui fait 29 morts et 242 blessés.

- 20 novembre 2000 : une bombe placée sur la route en Israël fait sauter un autobus qui menait des enfants de Kfar Darom à leur école à Neve Dkalim, dans le Sud de la bande de Gaza. Il y a deux morts (deux adultes) et 9 blessés, dont 5 enfants. L’attentat a été revendiqué conjointement par trois groupes, dont un jusqu’ici inconnu, le Hezbollah en Palestine.

En France :

Entre Décembre 1985 et Septembre 1986, 13 attentats (dont 2 avortés) à Paris font au total 13 morts et plusieurs centaines de blessés. Toutes les pistes remontent au Hezbollah et à l’Iran.

Détournement d’avions :

- Décembre 1984 : un avion de ligne koweïtien est détourné et deux passagers américains, employés de l’Agence Américaine pour le Développement International, sont assassinés. Les Iraniens qui prirent d’assaut l’avion après son atterrissage à Téhéran promirent de passer les pirates de l’air en jugement, mais ils les laissèrent quitter le pays.

- 1985 : le Hezbollah pirate un autre avion américain de la compagnie TWA, le force à aller se poser à Beyrouth où il est retenu pendant 17 jours. Durant ces deux semaines un officier de la marine américaine à bord de l’avion est tué par balle, son corps jeté comme une charogne sur la piste, sous l’oeil des caméras.

- 1985 : Attentat contre un bureau d’El-Al et une synagogue à Copenhague. 1 mort et 26 blessés.

- 1988 : Détournement du vol 422 de la Kuweit Airlines reliant Bangkok au Koweït. L’avion se pose en Iran, puis à Alger où les pirates s’échappent. 2 otages koweïtiens sont assassinés.

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Qu’est-ce que le Hezbollah ?

« Entre 1990 et 2000, le Hezbollah renforça son alliance avec la Syrie et devint peu à peu une organisation militaire à part entière, dont le but est la destruction de l’Etat d’Israël. Il poursuivit sa lutte contre Israël dans un conflit qui dépassait largement le cadre du sud du Liban. Son action n’était pas dirigée seulement contre Israël, mais également contre les occidentaux et tous ceux qui ne sont pas musulmans. »