vendredi 26 septembre 2008
Velléités d’hégémonie au Moyen-Orient
AHMADINEJAD = HITLER
Albert Soued
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A moins d'un coup d'éclat, les choses évoluent lentement au Moyen Orient. Mais les velléités hégémoniques sont toujours là, sources de tous les maux qui accablent la région.
Nous avons connu, dans les années 60, Gamal Abdel Nasser, qui a essayé avec le Yémen, la Syrie, ou la Libye, de faire renaître la grandeur arabe, mais qui a fait reculer la société égyptienne d'un siècle an arrière. Depuis, le président Moubarak, faute d'avoir les moyens de l'hégémonie, se contente de vouloir se maintenir au pouvoir, ou d'y imposer son fils.
Avec le parti Baath, la Syrie a toujours rêvé d'étendre son influence à travers ce qu'on appelle "le Croissant fertile", de l'Euphrate au Nil. Faute de moyens, elle s'est contentée, pendant le règne des Assad, d'héberger toutes les organisations terroristes de la région, en tirant les ficelles par le crime et la subversion, que ce soit au Liban, à Gaza, ou en Irak.
Emule de la Syrie, Saddam Hussein a eu, lui, les moyens de provoquer plusieurs guerres meurtrières, internes (contre les Kurdes et les shiites) et externes (contre l'Iran et le Koweit), qui ont rendu l'Irak exsangue. Jusqu'au jour où les Etats-Unis ont estimé qu'il était devenu incontrôlable et y ont mis le holà en intervenant localement.
D'autres rêves hégémoniques ont aujourd'hui cours, pacifiques en apparence, mais non moins subversifs.
Depuis la chute du Califat d'Istanboul, après la Première Guerre mondiale, l'Arabie saoudite s'est présentée comme candidate à l'héritage. Les réserves pétrolières lui en ont donné les moyens, et, depuis plus d'un demi-siècle, l'Arabie finance les mosquées et les madrasas du monde entier, exportant une idéologie primaire, celle de l'islam wahhabite pur et dur. Elle a donné naissance à al Qaïda, et des organisations caritatives qui se transforment du jour au lendemain en groupes subversifs ou terroristes (cf. Soudan, Somalie, etc.). Elle finance l'organisation des Frères Musulmans, œuvre de bienfaisance qui se transforme, à l'occasion, en parti politique subversif, ou en groupe terroriste.
A la lisière du Moyen-Orient, deux pays musulmans non arabes étaient contrôlés indirectement par les Etats-Unis, jusqu'au jour où une présidence américaine "faible", l'administration Carter, a lâché le shah d'Iran et laissé une "république" islamiste installer des mollahs et des ayatollahs à la tête du pouvoir. Aujourd'hui, ceux-ci gouvernent, d'une main de fer, une population appauvrie et, en vue de dominer la région, ils menacent le monde entier avec un programme nucléaire offensif. Ils possèdent une quantité suffisante d'uranium enrichi pour fabriquer une première bombe d'ici six à neuf mois.
En Turquie, un gouvernement non laïque assoit progressivement son autorité. Le couple président/premier ministre, Gur/Erdogan, prend, lentement mais sûrement, des mesures qui favorisent l'islamisme dans le pays. Après l'effondrement de l'empire ottoman, le dictateur Ataturk avait réussi à imposer un Etat laïc, tourné résolument vers la modernité et l'Occident, en magnifiant l'ethnicité turque au détriment de l'islam. Elue démocratiquement, la nouvelle équipe suit le mouvement du peuple anatolien qui se réveille à l'islam. Et il est plus aisé de satisfaire des velléités hégémoniques en se tournant vers l'islam qu'en restant simplement turc. Et puis, le Califat n'était-il pas à Istanboul, et ne parle-t-on pas déjà d'une Europe islamique?
C'est dans ce contexte qu'on assiste aux faits suivants:
* Le laisser-faire de l'Egypte vis-à-vis du Hamas, à Gaza, malgré les accords passés avec Israël. Le Hamas reçoit de plus en plus d'armes offensives et met à profit la trêve pour consolider ses positions, aussi bien à Gaza qu'en Cisjordanie. Il est manipulé à la fois par l'Iran, l'Arabie et l'Egypte.
* Le Hamas a le vent en poupe en Transjordanie, Cisjordanie et à Jérusalem, ce qui explique les pourparlers de la Jordanie avec ce groupe islamiste.
* La concurrence de l'Iran et de la Syrie dans la manipulation de groupes terroristes, tels le Hezbollah et le Hamas, d'où divers "coups fourrés" entre eux, bien que, vu de l'extérieur, ils apparaissent comme des alliés.
* Les Chrétiens étant divisés et affaiblis par l'émigration, le Liban est devenu un enjeu pour des factions soutenues par la Syrie, l'Iran et l'Arabie. La Syrie a envoyé des commandos occuper sept villages au nord de Tripoli et a massé 10 000 hommes à la frontière syro-libanaise, prêts à intervenir en cas d'occupation du nord du Liban par le mouvement "du futur" anti-syrien (Hariri).
* A la tribune de l'Onu, le président iranien, qui a le toupet d'insulter les Etats-Unis et de menacer Israël de destruction, est largement applaudi. Devenant le "nouveau chouchou" des médias américains de gauche, des radios et des émissions de variété, il est également invité aux dîners organisés par des groupes chrétiens qui prétendent promouvoir la paix.
* La Turquie, qui regarde plus en direction du Moyen-Orient plutôt que vers l'Europe, sert d'intermédiaire pour des pourparlers indirects entre la Syrie et Israël.
* Profitant des dissensions locales, la Russie cherche à regagner son influence perdue au Moyen-Orient depuis la chute de l'URSS en 1990. Elle livre du matériel nucléaire à l'Iran et s'oppose à des sanctions contre ce pays ; en outre, elle occupe le port syrien de Tartous, en y amarrant une dizaine de navires de guerre.
* Pour le moment verbale, l'animosité millénaire shiah/sunna prépare des lendemains sombres dans la région, si l'Iran shiite prévaut sur l'Arabie sunnite, ou inversement
* En Israël, la faiblesse, avouée ou feinte, du gouvernement Olmert, depuis 3 ans, a largement contribué au désordre au Moyen-Orient en nourrissant les velléités d'hégémonie de ses voisins.
© Albert Soued