lundi 19 janvier 2009

LE HAMAS NE FAIT PLUS PEUR... LES GAZAOUIS CRITIQUENT


Gaza s'efforce de renouer avec la normalité, le Hamas minimise ses pertes

GAZA (AFP) — Des policiers du Hamas se sont déployés lundi dans les rues au lendemain de l'arrêt d'une offensive meurtrière israélienne de 22 jours à Gaza, où certains ont rompu le silence en critiquant le mouvement islamiste palestinien qui a crié victoire.

Le Hamas, dont le Premier ministre Ismaïl Haniyeh a proclamé dimanche une "victoire historique" contre Israël, s'est efforcé de minimiser les pertes subies et a affirmé que sa capacité à tirer des roquettes sur Israël n'avait pas été amoindrie.

Dans les rue de Gaza, des policiers du Hamas en tenue se sont déployés aux principaux carrefours alors que d'autres régulaient la circulation.

De nombreux commerces ont rouvert. Des employés de la municipalité ramassaient les ordures et les gravats des bâtiments détruits dans les attaques israéliennes, qui ont fait au moins 1.300 morts palestiniens.

Abou Ihab, un homme d'affaires de 55 ans, contemplait les ruines en quittant sa maison. "Cette guerre nous a ramenés 50 ans en arrière. C'est comme la Nakba de 1948", a-t-il dit, en se référant à la "catastrophe" que fut pour les Palestiniens la création d'Israël.

"A mon avis, le Hamas a commis une erreur car toute guerre doit avoir des objectifs politiques et s'appuyer sur des plans militaires. Le Hamas n'a compté que sur des promesses mensongères de l'Iran et de la Syrie", a-t-il ajouté. "Le Hamas s'est lancé sans calcul dans une aventure dont le résultat est cette catastrophe qui nous a frappés".


Selon le Bureau palestinien des statistiques, 4.100 habitations ont été totalement détruites et 17.000 autres endommagées.

Douze corps ont été retirés des décombres lundi.

Des centaines de Palestiniens ont profité du cessez-le-feu proclamé séparément par Israël puis par le Hamas pour se ruer dans les banques, qui ont rouvert après 22 jours de fermeture.

"La peur pour nos enfants nous a empêchés de dormir pendant la guerre. Qu'est-ce que le Hamas et toutes ces organisations nous ont apporté à part la destruction? Elle est où cette victoire dont ils parlent?" s'est interrogé Karim Abou Chariah, en faisant la queue devant un guichet.

Dans sa première apparition depuis le début de la guerre le 27 décembre, le porte-parole de la branche armée du Hamas, Abou Oubeida, a affirmé que son mouvement n'avait perdu que "48 combattants" pendant l'offensive alors qu'Israël affirme en avoir tué plus de 500.

Il a aussi affirmé que les tentatives d'Israël d'empêcher l'armement du Hamas, notamment en détruisant les tunnels de contrebande entre Gaza et l'Egypte, étaient vouées à l'échec, et que l'Etat hébreu n'avait réalisé "aucun des objectifs qu'il s'était fixés".

"Qu'ils fassent ce qu'ils veulent. Introduire des armes pour la résistance et les fabriquer est notre mission et nous savons très bien comment acquérir des armes", a-t-il encore dit.

Des groupes liés au parti Fatah du président Abbas ont pour leur part annoncé la mort de 37 de leurs combattants, le Jihad islamique 34, les Comités de la résistance populaire 17 et le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP) 13.

Des sources militaires israéliennes ont affirmé qu'aucun incident n'avait été signalé dans la nuit et que les forces poursuivaient leur repli du territoire palestinien contrôlé par le Hamas.

Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a affirmé que les troupes sortiraient de Gaza "le plus vite possible, dès que la sécurité du sud du pays sera assurée".

Dimanche, les chars se sont redéployés aux frontières, côté palestinien, afin de faire face à d'éventuelles attaques palestiniennes.

En trois semaines, au moins 1.315 Palestiniens ont été tués, dont 410 enfants et 108 femmes, et plus de 5.300 blessés, selon les services d'urgence de Gaza. Côté israélien, 10 militaires et trois civils sont morts.

Parallèlement, le président égyptien Hosni Moubarak a obtenu la veille à Charm el-Cheikh le soutien de dirigeants arabes et européens à son plan prévoyant la fin totale des violences à Gaza. Après ce sommet les six dirigeants européens présents (Allemagne, France, Espagne, Italie, Royaume-Uni et République tchèque) se sont rendus en Israël.

Selon une source diplomatique égyptienne, le Caire a invité Israël et les organisations palestiniennes de Gaza à tenir de nouveaux entretiens séparés au Caire jeudi, dans l'optique d'obtenir leur accord.

Au Koweït, les dirigeants arabes ont entamé un sommet pour discuter des résultats de l'offensive à Gaza, qui les a divisés, et évoquer la reconstruction du territoire palestinien.

Le roi Abdallah d'Arabie saoudite y a annoncé l'octroi d'un milliard de dollars à cette fin.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, présent à Koweït à quant à lui proposé au Hamas qui l'a délogé de Gaza en juin 2007 la formation d'un gouvernement "d'entente nationale" en vue de la tenue d'élections législatives et présidentielle simultanées.