vendredi 23 janvier 2009

Témoignages des violences, des tricheries et de la cruauté du Hamas à l’égard de leurs concitoyens



Des habitants de Gaza accusent les militants islamiques : « Ils nous ont pris comme boucliers humains. Ils nous ont empêchés de quitter nos maisons et s’en sont servis pour tirer [sur les Israéliens] ».

("Corriere della Sera").

Titre de l’original italien : "Dubbi sul numero delle vittime: potrebbero essere 600 e non 1.300". (Doutes sur le nombre des victimes, à Gaza : il pourrait être de 600 et non 1 300).

Traduction française : Menahem Macina

De notre envoyé spécial [Lorenzo Cremonesi].



GAZA – Nombre d’habitants de la bande de Gaza criaient aux militants du Hamas et à leurs alliés du Jihad Islamique :

« Allez-vous en, partez d’ici ! Vous voulez que les Israéliens nous tuent tous ? Vous voulez voir nos enfants mourir sous les bombes ? Ôtez d’ici vos armes et vos missiles ! »

Les plus courageux s’étaient organisés et avaient barré l’accès à la cour, cloué des planches sur les portes de leurs habitations, bloqué en hâte et avec colère les échelles permettant l’accès aux toitures plus hautes. Mais, dans la plupart des cas, la guérilla n’écoutait personne.

« Traîtres. Collaborateurs d’Israël. Espions du Fatah. Lâches. Les soldats de la guerre sainte vous puniront. Et en tout cas, vous mourrez tous comme nous. En combattant les juifs sionistes nous obtiendrons tous le paradis, n’êtes-vous pas heureux de mourir ensemble ? »


Et alors, furieux et hurlant, ils défonçaient portes et fenêtres, se cachaient dans les étages supérieurs, dans les jardins ; ils utilisaient des ambulances et se retranchaient tout près des hôpitaux, des écoles et des bâtiments de l’ONU. Dans des cas extrêmes, ils tiraient sur ceux qui cherchaient à leur barrer la route pour sauver leur famille, ou ils les battaient sauvagement.

Abu Issa, 42 ans, habitant du quartier de Tel Awa :

« Les miliciens du Hamas cherchaient délibérément à provoquer les Israéliens. Il s’agissait souvent de garçons de 16 ou 17 ans, armés de mitraillettes. Ils ne pouvaient rien faire contre les tanks et les chasseurs à réaction. Ils savaient qu’ils étaient beaucoup plus faibles [que leurs ennemis]. Mais ils voulaient que [les Israéliens] tirent sur nos maisons pour les accuser ensuite de crimes de guerre. »

Sa cousine, Um Abdallah, 48 ans, lui fait écho :

« La quasi-totalité des plus grands immeubles de Gaza, qui ont été frappés par les bombes israéliennes, comme le Dogmouch, l’Andalous, le Jawarah, le Siussi, et beaucoup d’autres, avaient des rampes de lancement de missiles sur leur toit, outre qu’ils servaient de postes d’observation au Hamas. Ils en avaient mis aussi près du grand entrepôt de l’ONU, qui a brûlé ensuite. Et c’était la même chose dans les villages le long de la frontière, dévastés ensuite par la folie furieuse et punitive des sionistes. »

[Ces témoins] se cachent sous des noms d’emprunt mais donnent des détails bien circonstanciés. Il n’a pas été facile de recueillir ces confidences. Ici, la peur du Hamas domine, et les tabous idéologiques règnent, alimentés par un siècle [sic] de guerre contre « l’ennemi sioniste ».

Quiconque donne une version différente du "narratif" imposé par la "muhamawa" (la résistance) est automatiquement un « amil », un collaborateur, et il risque sa vie. Y contribue, en effet, le récent conflit fratricide entre le Hamas et l'OLP. Si Israël ou Égypte avaient permis aux journalistes étrangers d'entrer immédiatement, cela aurait été plus facile. Les gens du coin sont souvent menacés par le Hamas.

Eyad Sarraj, psychiatre connu dans la ville de Gaza, affirme :

« Ce n’est pas nouveau, les sociétés arabes du Moyen-Orient n’ont pas de tradition culturelle des droits de l'homme. Il arrivait, sous le régime d’Arafat, que la presse soit censurée et persécutée. Avec le Hamas, c’est encore pire. »

Un autre fait devient de plus en plus évident quand on visite les cliniques, les hôpitaux et les familles des victimes des tirs israéliens. A vrai dire, leur nombre s’avère bien inférieur aux près de 1 300 morts, outre les quelque 5 000 blessés, dont font état les hommes du Hamas, chiffres repris par les officiels de l’ONU et de la Croix Rouge locale.

Un médecin de l’hôpital Shifah, qui refuse catégoriquement qu’on le cite, et qui a risqué sa vie, nous dit :

« il se peut que le nombre des morts ne soit pas supérieur à cinq ou six cents. Pour la plupart, des jeunes de 17 à 23 ans, recrutés dans les rangs du Hamas qui les a littéralement envoyés au massacre »,

Un autre fait, confirmé, au demeurant, par des journalistes locaux :

« Nous l’avions déjà signalé aux chefs du Hamas. Pourquoi tiennent-ils à gonfler les chiffres des victimes ? Il est étrange, entre autres, que les organisations non gouvernementales, y compris les occidentales, en fassent état sans vérification. Finalement, la vérité pourrait émerger, et il en serait comme à Jénine en 2002. Au début, on a parlé de 1 500 morts. Il s’est avéré ensuite qu’il n’y en avait que 54, dont 45 guérilleros tombés au combat. »

Comment est-on parvenu à ce chiffre ? Masoda al Samoun, 24 ans, explique :

« Prenons le cas du massacre de la famille Al Samoun, du quartier de Zeitun. Quand les bombes ont frappé leur habitation, on a rapporté qu’il y avait eu 31 morts. Et c’est ce qui a été enregistré par les officiels du ministère de la Santé, qui est sous l’autorité du Hamas. Mais ensuite, quand les corps ont été effectivement récupérés, le chiffre total a doublé, passant à 62, et c’est ce nombre qui a été inscrit dans le calcul du bilan total. »

Et il ajoute un détail intéressant :

« Les commandos des forces spéciales israéliennes ont ajouté à la confusion. Leurs hommes s’étaient déguisés en guerriers du Hamas, avec, autour de la tête, le bandana vert portant l’inscription habituelle : "il n’y a pas d’autre Dieu que Allah et Mahomet est son Prophète". Ils s’étaient infiltrés dans des véhicules pour créer le chaos. Nous nous sommes mis à leur crier de s’en aller, car nous craignions des représailles. Par la suite, nous avons appris qu’ils étaient Israéliens. »

Il suffit de visiter un hôpital pour comprendre que les comptes ne correspondent pas. De nombreux lits sont vides à l’Hôpital européen de Gaza, l’un de ceux qui, pourtant, auraient dû avoir un taux plus élevé de victimes de la « guerre des tunnels » israélienne. Même chose pour l’Hôpital Nasser, de Khan Yunis. Seuls 5 lits sur les 150 de l’hôpital privé du [mouvement] Al-Amal sont occupés. A Gaza ville, on a évacué l’Hôpital Wafa, construit à l’aide de dons des « institutions islamiques de bienfaisance » d’Arabie Saoudite, du Qatar et d’autres pays du Golfe, et bombardé fin décembre. L’institution est connue pour être un bastion du Hamas ; c’est là que sont venus se faire soigner les combattants blessés durant la guerre civile entre le Fatah et le Hamas, en 2007. Les autres se trouvaient à l’Hôpital Al Quds, bombardé à son tour dans la seconde moitié de la semaine de janvier [sic].

Voici ce qu’en dit Magah al Rachmah, 25 ans, qui habite à quelques dizaines de mètres des grands bâtiments du complexe hospitalier, aujourd'hui sérieusement endommagé.

« Les hommes du Hamas s’étaient réfugiés surtout dans le bâtiment qui abrite les bureaux administratifs de Al Quds. Ils utilisaient les ambulances et obligeaient les ambulanciers et les infirmières à enlever leurs uniformes arborant les insignes paramédicaux, ce qui leur permettait de donner le change et de mieux échapper aux recherches israéliennes. »

Tout cela a pas mal réduit le nombre de lits disponibles des institutions sanitaires de Gaza. Pourtant, Shifah, le plus grand hôpital de la ville, fut très loin d’afficher complet. Par contre, ses souterrains semblent avoir été densément occupés.

Selon les militants du Front Démocratique pour la Libération de la Palestine,

« Le Hamas avait caché là les batteries de secours et la salle d’interrogatoire des prisonniers du Fatah et du front de la gauche laïque, qui avaient été évacués de la prison bombardée de Saraja. »

Ce fut une guerre dans la guerre, que celle que se livrèrent le Fatah et le Hamas. Les organisations humanitaires, majoritairement sous l’autorité de l’OLP, parlent

« de dizaines d’exécutions, de cas de torture et d’enlèvements », perpétrés par le Hamas « dans les trois dernières semaines »
[de la guerre].

L’un des cas les plus connus est celui de Achmad Shakhura, 47 ans, habitant à Khan Yunis et frère de Khaled, bras droit de Mohammad Dahlan (ex-chef des services de sécurité de Yasser Arafat, et aujourd’hui en exil). Shakhura avait été enlevé sur l’ordre du chef de la police secrète locale du Hamas, Abu Abdallah Al Kidra, puis torturé, on lui avait arraché l’œil gauche, avant de l’achever, le 15 janvier.



Lorenzo Cremonesi



© Il Corriere della Sera



Mis en ligne le 22 janvier 2009, par M. Macina, sur le site upjf.org