samedi 3 janvier 2009
ISRAËL EN GUERRE CONTRE LE HAMAS : UN CESSEZ-LE-FEU PEUT-IL INTERVENIR AVANT UNE OPERATION TERRESTRE?
Par Mati Ben-Avraham
israelvalley
Au terme de huit jours d’affrontements, le bilan est lourd côté bande de Gaza, : 414 morts, quelques 2100 blessés, en grande majorité des membres armés du Hamas et ses acolytes, mais hélas 43 enfants ont perdu la vie lors des frappes aériennes israéliennes; plus de 3600 bâtiments détruits, ainsi que 8 mosquées et 16 écoles utilisées en tant que caches d’armes et de missiles; 100 galeries souterraines reliant la partie égyptienne de Raphiah à sa partie palestinienne mises hors de service par les frappes aériennes aussi précises qu’intensives.
Et puis, en moins de 48 heures, deux des principaux dirigeants du Hamas ont été liquidés. De prime Abord, Nizar Rayyan, membre de la direction politique du mouvement, un extrémiste parmi les extrémistes. En 2001, il avait envoyé l’un de ses fils réaliser un attentant suicide à Alei Sinaï, causant la mort de 2 israéliens. En 2004, il planifia l’attentat dans le port d’Ashdod, qui couta la vie à 10 israéliens. Parmi ses déclarations haineuses et d’une arrogance sans nom, citons celle-ci : ” Nous disposons de 50000 combattants qui attendent les soldats sionistes. Nos enfants les renverrons en Israël coupés en morceaux!”
L’explosion de la bombe qui a touché son immeuble, situé dans le camp de réfugiés de Jebaliah, a été suivi d’autres explosions, qui témoignent de la présence d’une importante cache d’explosifs.
Ses quatre femmes et ses onze enfants ont été tués avec lui. Selon des témoins, il aurait refusé de prendre au sérieux l’avertissement téléphonique israélien. En effet, depuis deux ans, l’état-major de l’armée s’est rendu à un avis juridique, lui enjoignant d’alerter les habitants d’un immeuble promis à un bombardement de vider les lieux dans un laps de temps raisonnable. Ce qui fut fait, en ce cas précis.
Autre coup dur pour le Hamas : le commandant de Gaza-Ville pour Azzedine Al Kassem, la branche armée du Hamas, Abbou Zakaria Al Djamal, a été tué lors de l’un des 25 raids aériens effectués la nuit dernière contre des centres et des caches de l’organisation sunnite intégriste. Les principaux leaders du mouvement se terrent, à présent, dans les bunkers préparés à cet effet.
Côté israéliens, le bilan s’élève à 4 morts et une dizaine de blessés. Ce nombre peu élevé de victimes, eu égard aux 500 missiles et autres Grad tirés à partir de la bande de Gaza s’explique par l’imprécision de ces missiles. Par la chance également. Le cas, par exemple, de ce jardin d’enfants dans la périphérie de Beer-Sheva. Le missile est tombé dans la cour. L’explosion a durement secoué le bâtiment : murs ébranlés, toit fissuré, vitres brisées. Le carnage a été évité de justesse.
C’est ce qui diffère l’intervention israélienne des actions lancées par le Hamas. Les morts civils des frappes israéliennes relèvent d’une déviation de trajectoire d’un missile ou des effets d’une explosion dans la mesure où, à la suite de l’OLP de Yasser Arafat en Jordanie, puis au Liban, le Hamas a installé ses bases dans les quartiers, utilisant la population civile en tant que bouclier humain. Le Hamas, par contre, lance ses engins destructeurs dans l’intention de tuer le maximum de civils.
Et maintenant? Au terme de la première semaine d’affrontements indirects, se pose la question d’une opération terrestre israélienne. L’armée israélienne est prête. Les unités blindées et d’élite n’attendent que le feu vert. Mais le jeu en vaut-il la chandelle? Nul doute que la capacité de nuisance du Hamas a été grandement réduite. Elle peut l’être encore davantage sans nécessairement occupé le terrain. De plus, la diplomatie semble reprendre tous ses droits. Le président français, Nicolas Sarkozy poursuit ses consultations. Il sera dans la région lundi et mardi. L’objectif déclaré : tracer la voie à une paix globale. Idée généreuse, mais aux contours incertains. Le président américain sortant, Georges Bush, se veut, lui, pragmatique. La nuit dernière, il a plaidé pour un cessez-le-feu immédiat, mais subordonné à la mise en place d’un contrôle international rigoureux de la frontière égypto-palestinienne pour éviter tout retour au statu quo ante. Et pourquoi pas, dans la foulée, envisager un désarmement total du Hamas, car si ce mouvement affaibli ne constituera plus une menace pour le sud de l’Etat d’Israël, il sera toujours suffisamment outillé pour contrecarrer la politique voulue par Mahmoud Abbas et Salam Fayyad.
Mais le Hamas acceptera-t-il de rentrer dans le rang? Il faut lui laisser le choix. Et ce n’est qu’en cas de refus, au cas il poursuivrait ses tirs qu’Israël bénéficiera d’une totale liberté de mouvement, mais avec la bénédiction de la communauté internationale.